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Le camp retranché

à Astugue

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Charles des Moulins, en 1842, dans la « Notice sur quelques monuments de Bigorre » nous donne plus de renseignements : « CAMP RETRANCHE d'Astugue - La tradition du pays le considère à juste titre comme une fortification, et sa position a nécessairement dû paraître, dans tous les temps, importante à occuper. C'est un long et large col, dirigé à peu près N.-S., qui unit deux forts coteaux à sommets arrondis, et sépare deux vallons larges et profonds : le vallon de l'ouest est divisé en deux par une crête fort étroite de schistes redressés. On dit vaguement dans le pays que quelques exécutions ont eu lieu sur ce tertre ; mais le vieux paysan de la commune d'Astugue, de qui nous obtînmes ce renseignement, ne le donnait pas pour certain. En effet, les fourches patibulaires étaient près de Lourde ; le dicton local est encore : « Dieu te garde du Turon de la Justice ! » C'est ainsi qu'on les nommait. Le camp retranché d'Astugue, malgré sa parfaite conservation, n'est cité par aucun des auteurs que j'ai pu consulter : sans l'obligeance de M. le Dr Bruzeaud avec qui je l'ai visité, j'aurais toujours ignoré son existence, parce qu'il est également éloigné des montagnes et des communications fréquentées. Il est placé sur le chemin vicinal de Montgaillard à Astugue, à 3 kilom. S.-O du premier de ces villages, à 1 kilom. du second; à 5 kilom. O. du Camp de César à Pouzac, à 7 kilom. N.-O. de Bagnères-de-Bigorre. Son ensemble forme un tertre elliptique superposé, en travers, au col qui sépare les vallons E. et O., en sorte que les deux grands côtés de l'ellipse regardent le N. et le S. Cette forme elliptique n'appartient qu'à la ceinture extérieure du camp ; encore serait-il possible que quelques travaux postérieurs en eussent fait disparaître les angles, puisque le tertre entier a reçu des plantations de chênes et de bouleaux, régulièrement espacés au fond du fossé et contre le bord intérieur de la crête ; l'âge de ces arbres ne paraît pas dépasser de 60 à 80 ans. Quant à la redoute qui forme le centre du monument, elle est évidemment rectangulaire, malgré quelques éboulements aux angles. Elle est formée de terre argileuse, mêlée à un nombre infini de menus fragments de schiste argileux de la formation du crétacé (qui forme l'ossature de tous ces coteaux), et on n'y trouve aucune pierre plus grosse. Le sommet de la redoute présente un parallélogramme allongé, dont le centre est creusé en forme de cuvette rectangulaire, d'un mètre à un mètre et demi de profondeur. le rempart en forme de crête étroite, qui borde de toutes parts cette cuvette, est encore presque partout bien conservé. »

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Pour ce qui est du lieu réservé aux pendaisons, seuls les arbres pourraient nous renseigner...

Dans le livre H-P - Carte archéologique de la Gaule, nous lisons : « A Astugue, au lieu-dit Castera, un camp dont il ne subsiste aucune trace a été indiqué par plusieurs auteurs ; Anonyme 1919, Fabre 1952, Mas et Jouanine 1977, Omnès 1987. »


Avec cette seule indication, ça ne va pas être commode de retrouver ce camp...

Vue d'Astugue, avec en toile de fond le Pic-du-Midi-de-Bigorre

Heureusement, sur la carte IGN, le « Castéra » est bien indiqué. Nous sommes à la limite des territoires communaux d’Astugue et Neuilh.

Allons voir ça de plus près. Le point rouge indique le « Castéra ». Pour le trouver en venant de Loucrup, il faut traverser la commune d’Astugue et arriver près de l’hôpital Le Montaigu.

A la montjoie, prendre le sentier montant indiqué par la flèche rouge. Compter 15mn à pied.

Une fois sur place, pas de traces de constructions anciennes. De plus les arbres ont poussé rendant difficile l’exploration. Mais nous n’avons pas tout perdu car ici le panorama est merveilleux dans toutes les directions. Si l’endroit a été utilisé dans les temps anciens, il n’a pas été choisi au hasard car on pouvait guetter de loin et communiquer avec les autres camps par des signaux visuels.

Vue vers le nord. Astugue, Loucrup et au fond Tarbes.

Vue vers le sud. Neuilh.

Les hauteurs de Bagnères-de-Bigorre et Labassère.

L’église et le château d’eau de Cieutat. Au fond, le plateau de Lannemezan

Une jolie balade sympa dans un cadre bucolique

Le « Castéra » vu de l’hôpital Le Montaigu.

Pour le plaisir, voici un extrait de la monographie 1887 de l’instituteur :


D'après la tradition, Astugue avait un seigneur célèbre surtout par sa sévérité ou plutôt sa cruauté : on l'appelait le comte d'Astugue. Entr'autres privilèges, il avait celui de disposer de la mariée, la première nuit de ses noces. On raconte qu'à la suite d'une de ces cérémonies, l'époux s'étant montré peu accommodant, fut arrêté et pendu près de sa propre maison, et défense faite aux parents d'enlever le corps. Cette malheureuse victime des mœurs féodales était un nommé Péruilhou, nom qu'on donne encore à une grange près de laquelle il avait été exécuté. Autrement le lieu ordinaire de ces actes de barbarie et d'iniquité ; était un monticule appelé Castéra, de castet, château, et où se trouvaient quelques vieux chênes servant aux pendaisons. »