Nous allons vous raconter sur cette page l’histoire du Conservatoire de musique Henri-Duparc et d’une manière plus générale, l’histoire de la musique classique dans cette ville. Merci à Daniel Mur pour son apport précieux de documents.

Le Conservatoire Henri-Duparc

à Tarbes

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Le bâtiment du Conservatoire est situé au centre-ville, au croisement de la rue Larrey et du cours Gambetta. Il est aujourd’hui géré par le « Grand Tarbes ». C’est une Ecole Nationale de Musique et de Danse avec plus de 40 professeurs et de 800 élèves.

C’est l’ancienne chapelle (fin XIXe) des Pères de la Grotte, chargés de gérer les sanctuaires de Lourdes. Elle fut transformée en Ecole pratique de commerce et d’Industrie à partir de 1907 (suite à la Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905) avant de devenir l’Ecole de Musique en 1989.

Nos renseignements proviennent de trois sources : anciennes délibérations communales, anciennes cartes postales ainsi qu’un bulletin municipal spécial (n°22 du 18 février 1989).

L'HISTOIRE DU CONSERVATOIRE HENRI DUPARC

Ecole Nationale de Musique de La Ville de Tarbes


De l'inauguration de l'Opéra de Garnier - en 1875 - suivie par celle du Festspielhaus de Bayreuth - avec la Tétralogie de Wagner - jusqu'à l'invention du phonographe de Poulsen en 1900, le dernier quart du XIXe siècle installe avec panache le décor musical dans lequel nous vivons aujourd'hui encore. Cette fin de siècle a vu la création des Concerts Colonne, la construction du Métropolitain Opéra de New-York, la révélation des musiques exotiques à l'Exposition universelle de 1889, la fondation de la Schola Cantorum, le renouveau du Chant Grégorien par Dom Pothier, l'essor des éditions musicologiques - dictionnaires, revues, ouvrages d'esthétiques etc... -, nombreuses facettes d'un foisonnement musical intense qui reflète toutes les musiques et tous les pays. Parmi les dates qui font figure d'événement, l'une d'elle retient particulièrement notre attention. C'est l'année de la naissance de Bêla Bartók, celle du voyage en Russie de Claude Debussy. Cette année-là, Moussorgski écrit la Khovant china, Massenet son Hérodiade, Saint Saens, le Septuor en Mi b, Brahms, le IIe Concerto pour piano et Chabrier, les Pièces Pittoresques.


1881

C'est surtout l'année que choisit la Ville de Tarbes pour inscrire officiellement une Ecole Municipale de Musique dans son registre des délibérations, le 30 décembre 1881.


1888

La Ville envisage le rattachement de son Ecole Municipale au Conservatoire National de Paris : I 'ECOLE Municipale de Musique, en pleine expansion, cherche partout des locaux pour accueillir ses nombreux élèves : au marché Brauhauban, où l'on confectionne des cloisons, à l'ancienne prison, à la Mairie, puis en 1912, à l'Ecole de la rue Larrey, en cohabitation avec une Ecole Communale.


1921

L'Ecole Municipale de Musique est agréée « ECOLE NATIONALE »


1938

L'Ecole  Nationale  de  Musique  déménage  encore  au  47 rue Brauhauban.


1960

Elle prend possession des locaux au 19 cours Gambetta.


1963

La Ville est confrontée au problème de la restructuration de son Ecole Nationale de Musique, demandée après inspection par le Ministre des Affaires Culturelles.

En effet, une réforme, tant administrative que pédagogique est indispensable pour conserver à l'Ecole de Musique son rang National.


1979

Monsieur le Maire Paul Chastellain et son Conseil Municipal procèdent à la mise en conformité des structures de l'E.N.M. En conséquence, le Ministère classe l'Ecole Nationale de Musique de Tarbes en Catégorie A, le 1er janvier 1979.

 

1988

L'E.N.M. emménage dans des locaux provisoires - Hôpital de l'Ayguerotte, Ecole Pergaud, ancienne Bourse du Travail - durant la période de reconstruction de l'Ecole.


1989

L'Ecole Nationale de Musique de la Ville.de Tarbes inaugure, le 18 février, les nouveaux bâtiments reconstruits au 19 cours Gambetta et prend le nom de CONSERVATOIRE HENRI DUPARC. La ville de Tarbes et son Maire Raymond Erracarret mettent ainsi fin à 108 années d'errance, en installant le Conservatoire dans une structure résolument tournée vers l'avenir.

LA VIE MUSICALE DANS LES HAUTES-PYRENEES

AU XIXe SIECLE


TARBES et ses environs  sont depuis le milieu du XIXe siècle, au carrefour de nombreuses rencontres musicales. Les stations thermales, mises au goût du jour par Napoléon III et l'Impératrice Eugénie, accueillent alors des compositeurs et des interprètes de tout premier plan.

ROSSINI, qui séjourna à Bagnères de Bigorre en 1858, mais aussi Giuseppe VERDI, qui en 1866 travaille à son opéra Don Carlos en prenant les eaux à Cauterets.

Le compositeur Paul LACOME d'ESTALENX, originaire du Houga, dans le Gers, avait recueilli deux airs espagnols chantés au Houga par les mendiants. Il les donna à Verdi, qui les introduisit dans son Don Carlos.

Déjà en 1862, Paul Lacôme participe à Bagnères de Bigorre à un concert où il tient le piano en compagnie de Gabriel FAURE, jeune homme de 17 ans accompagnant Camille SAINT SAENS et le violoncelliste tarbais Jules LASSERRE. Quand à Jules MASSENET, il utilise l'air de la «  Légende de Noël » de Paul Lacôme pour sa célèbre « Romance de la Sauge » du Jongleur, de Notre-Dame. En 1879, c'est Emmanuel CHABRIER qui fait une cure à Cauterets.

Entre temps, la famille de Gabriel Fauré s'installe à Tarbes ; Toussaint Honoré Fauré, son père, Inspecteur de l'Instruction Primaire qui termine sa carrière à Tarbes et Fernand Fauré, son frère, professeur au lycée de Tarbes, puis Inspecteur de l'Académie. Ce dernier est inhumé à Aureilhan.

Ainsi Gabriel Fauré rend visite à sa famille en 1877, où il en profite pour soigner sa gorge malade à Cauterets. En 1901, il se repose à Bagnères après la Création de son Prométhée à Béziers.

« Je suis parti de Béziers à dix heures et arrivé à six heures et demi à Bagnères. Je loge chez Fernand, qui d'avance s'était assuré d'une chambre. Je pourrais peut-être travailler dans deux ou trois jours. Pour le moment, je peux me détendre. Hier, j'avais une heure à perdre à Tarbes, j'ai pris la voiture, j'ai revu tous les coins de la ville où nous étions tous en 1877. Je n'y étais pas revenu depuis (...) ». Le Compositeur Roger DUCASSE rejoint Fauré à Bagnères de Bigorre. Ils font ensemble de longues promenades, entraînant ensuite la famille et les amis au Casino où l'on jouait l'opérette. Ainsi, pour si éloignée que soit notre région des centres musicaux où se fait l'actualité, du moins a-t-elle accueilli, durant toute une moitié de siècle, pour le repos, le travail et l'échange, quelques uns des plus grands compositeurs.

HENRI DUPARC ET GABRIEL FAURE

Le Fil d'Ariane


NOUS n'avons pas encore évoqué, dans notre rétrospective, la présence à Tarbes, du compositeur Henri Duparc. La profonde amitié qui a uni Fauré et Duparc, leur présence à Tarbes jusqu'au début du siècle, constituent pour l'Ecole Nationale de Musique, le fil d'Ariane qui relie le passé prestigieux de la musique française - toujours vivant au cœur des mélomanes - à l'avenir symbolisé aujourd'hui par ce nouvel édifice.

Conservatoire Henri DUPARC, Auditorium Gabriel FAURE. Nous avons parlé de la famille Fauré.

Le père, Toussaint Honoré Fauré, installé à Tarbes à la fin de sa carrière dans l'enseignement, Directeur de l'Ecole Normale, puis Inspecteur de l'éducation, co-fondateur de la Société Philharmonique de Tarbes. Le frère, Fernand Fauré, professeur au Lycée de Tarbes puis Inspecteur d'Académie.

L'illustre Gabriel Fauré, professeur puis Directeur du Conservatoire de Paris rendait visite à son ami Henri Duparc qui résidait à Tarbes. Henri Duparc était né à Paris en 1848. Elève du « Père Franck »,extrêmement attaché à son Maître, fidèle à ses condisciples et défenseur acharné de la musique française (pour laquelle il crée en 1871, la Société Nationale de Musique), Henri Duparc est atteint très jeune d'une tumeur bénigne au cerveau.

Ce mal, alors incurable le coupera malheureusement de ce qu'il a le plus à cœur : la composition.

Pourtant, les mélodies telles que l'Invitation au Voyage, la Vague et la Cloche, la sonate pour violoncelle et piano, les pages pour piano « Feuilles Volantes » témoignent, s'il en est besoin, de la qualité exceptionnelle de ses dons.

Henri Duparc se retire à Tarbes en 1913, où il réside à l'Hôtel Moderne puis au 52 rue Soult, à cent mètres de notre Conservatoire, jusqu'en 1919. Il se fixe enfin à Mont de Marsan dont le climat est plus favorable, jusqu'à sa mort en 1933.

Henri Duparc

L'ECOLE NATIONALE DE MUSIQUE

ET

LA SOCIETE PHILHARMONIQUE


LE Violoniste Paul Marot, professeur de l'Ecole Nationale de Musique, qui assura à la mort d'Octave Brard, l'intérim à la direction jusqu'à la nomination de Jacques Lamy, a publié l'article suivant en juillet 1974.

Cette rétrospective de la Société Philharmonique témoigne du lien étroit qui a toujours existé entre l'Ecole de Musique et la diffusion musicale, jusqu'en 1954 ou 1955, dates auxquelles eurent lieu ses derniers concerts. La Société Philharmonique fut une des plus anciennes sociétés de la ville de Tarbes, elle a été fondée vers la moitié du siècle dernier par un groupe d'amateurs parmi lesquels on peut relever le nom de Fauré, Directeur de l'Ecole Normale, père de l'illustre compositeur: Gabriel Fauré.

Depuis sa création, et pendant un siècle, elle a poursuivi sa tâche d'éducation musicale, dans une ville où le goût des arts était en particulière faveur. Ella a toujours eu la main heureuse dans le choix de ses directeurs qui tous, avec un style différent, assurèrent sa continuité. L'arrêté ministériel du 23 août 1883, lui donna une vie nouvelle et un chef prestigieux : M. Benoist qui était chef de musique au 53e Régiment d'Infanterie. Il eut, après sa retraite, M. Gérardin comme successeur qui a été le fondateur de l'Ecole Municipale de Musique de Tarbes.

Au début de ce siècle, la société prit un nouvel essor sous la baguette de Casimir Fraixe, directeur de l'Ecole Municipale de Musique de Tarbes, qui la conduisit pendant vingt cinq ans.

Après la guerre et à la mort de Casimir Fraixe, la direction de l'Ecole fut confiée à M. Octave Brard en 1926. Ce dernier, musicien enthousiaste au savoir étendu, a tenu, dès sa nomination, à établir une liaison féconde entre l'Ecole Nationale de Musique (depuis 1921) et la Société Philharmonique. De ce fait, il a pu donner aux hautes études musicales un élan, qui, par-delà l'Ecole a soulevé l'enthousiasme du public tarbais. Cet effort méritoire dépassa les limites de notre cité, déjà par les visites de nombreux concertistes qui comprirent Tarbes dans leurs tournées, et les impressions qu'en ont remportées d'importantes personnalités du monde musical.

On peut dire que la Société Philharmonique a contribué dans une notable mesure à répandre en France le renom artistique de la ville de Tarbes. Voici les noms des prestigieux virtuoses qu'elle a attirés à Tarbes et ceci se passe de tout commentaire :


PIANISTES :

Paul Loyonnet, Yvonne Lefebure, Marcel Ciampi, Ermend Bonnal, Madeleine de Valmalete, Agnelle Bundervoet, Mme Blanc-Daurat, Jeanne-Marie Darre, Lazare Lévy, Eliane Richepin, Micheline Ostermeyer, François Choie, Eugène Reuschel, Moni-que de la Bruchollerie, Robert Veyron-Lacroix.


VIOLONISTES : Marcel Darrieux, Jean Champeil (inhumé au Cimetière Saint-Jean), Fred Muccioli, Ch. Arthur, Robert Soetens, Henri Merckel, Léon Zighera, Roland Charmy, Miguel Candela, Gérard Jarry, Janine Andrade, Noëlla Cousin, Michèle Boussinot, Jacques Thibaud, Ginette Neveu, Christian Ferras, Henryck Szeryng (Ce dernier qui vient de mourir à Berlin disait à G. Loustalot, qu'avant la dernière guerre, alors qu'il était étudiant en Sorbonne, sa mère ne lui avait laissé faire que deux concerts dans l'année, dont celui de Tarbes ! C'est un très grand souvenir pour Henryck).


VIOLONCELLISTES : H. Barouk, Louis Rosoor, Bernard Michelin, Jacques Serres, Maurice Maréchal, Paul Tortelier, André Navarra (décédé à Sienne en août 1988).


DANSE :

Annie   Flor,   Dolorés   Genia,

Manuéla del Rio.


HARPISTES :

Odette Fadeau, Bovy Forestier.


ORGUE : Alexandre Cellier.


CHANT :

Paulette Baldocchi, Jeanne Estaque, B. Blanc, Yves Tynayre, Maria Madrakouska, Colette Chabry, Georgette Cara, H. Dupin, Fanely Revoil, Maurice Vidai, Marguerite Pifteau, Suzanne Baudry, Ritter-Ciampi, Ninon Vallin, Charles Panzera, Gérard Souzay, Christian Castelli, etc...

Sans parler aussi des programmes complémentaires qui accueillirent des solistes, trios, Kedroff, le Quintette à Vent de la Garde Républicaine, etc... Il n'est pas possible de donner ici la liste de toutes les œuvres interprétées au cours des cinquante derniers concerts qui précédèrent la mort d'Octave Brard, mais il est bon de rappeler les créations de « La Damoiselle Elue » de Debussy, Carmen de Bizet avec le concours du ténor José Luccioni et de Raymonde Lapeyre. L'Orchestre de la Société Philharmonique était en grande partie composé d'éléments de l'Ecole Nationale de Musique, Professeurs, élèves des classes supérieures et de la classe d'orchestre, d'amateurs avertis, complétés par des musiciens de Toulouse et de Bordeaux.


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