Cette croix date du milieu du XVIIIe siècle et ressemble à l'une de ces nombreuses
marques évoquant la crucifixion situées généralement en bordure des voies fréquentées
et des carrefours. Pourtant cet endroit est l'objet d'une légende tenace d'un crime
commis vers 1660 et de phénomènes paranormaux (pierres qui réapparaissent).
Voici ce que raconte l'instituteur d'Arrodets en 1887 :
« Au sud-est à deux kilomètres environ, à la bifurcation des chemins allant à Neuilh
et à Germs, au quartier dit La Serre se trouve la Croix-Blanche, figure massive en
pierre de taille, lieu où a été commis un grand crime. C'est dans ce point culminant
que se donnent rendez-vous un grand nombre de touristes pendant les belles journées
du printemps et de l'été, attirés par la curiosité de cette croix et surtout par
le désir de contempler les riants alentours. Voici la légende qui redit à quel sujet
on a érigé la Croix-Blanche : Dans le temps jadis un jeune prêtre, trop environné
dans sa paroisse de l'estime générale et craignant ainsi de ne pas faire assez pour
le service de Dieu, eut la pensée de s'enfuir dans une solitude quelconque afin,
disait-il, de servir plus facilement son divin maître. Il choisit, dit-on, le quartier
La Serre, alors couvert d'une épaisse forêt. Comme il descendait d'une famille noble,
et était possesseur d'une fortune assez considérable, il testa en faveur d'un Comte,
son cousin, auquel il donna connaissance de sa décision et du lieu de sa retraite.
Le Comte ne devait jouir de ce riche legs qu'après la mort du prêtre. Le religieux
partit pour la solitude. Deux années s'écoulèrent sans qu'aucune nouvelle de sa situation
parvînt aux oreilles du public. - Durant cet intervalle, le Comte, avide de rentrer
en possession du don s'était rendu près de l'anachorète et l'avait assassiné et enseveli
auprès de sa cellule. - Les parents du religieux qui l'aimaient beaucoup et qui avaient
vu son départ avec grande peine, se rendirent dans le lieu de sa retraite ; ils ne
le trouvèrent pas ; ils supposèrent qu'il n'existait plus et qu'il était devenu le
butin des animaux sauvages, alors assez communs dans cette vaste forêt. On ignorait
complètement le forfait du Comte ; mais celui-ci était en proie aux remords, sa conscience
lui représentait à chaque minute les circonstances affreuses dans lesquelles il avait
commis son crime. Il déclare son forfait à un confesseur, mais ce dernier ne crut
pas avoir assez d'autorité pour le pardonner et l'engagea à se rendre auprès du pape,
seul compétent. Il se rendit à Rome et le pape le pardonna à la seule condition de
porter une pierre, où était sculptée une croix, sur la terre où reposait la victime.
Ainsi dut obéir le criminel. Plus tard des bergers qui passaient l'été dans ces parages
s'amusaient à faire rouler la dite pierre sur le flanc de la colline voisine. La
pierre descendait jusqu'au fond du vallon et le lendemain les pâtres la retrouvaient
sur la cime de la colline. Ils renouvelèrent plusieurs fois et à des jours différents
leur amusement et la pierre remontait seule au même point. Ce fait qui fut porté
à la connaissance du public, causa une panique dans le voisinage. On considéra cet
état de choses comme un acte de puissance divine, et pour en perpétuer le souvenir,
on érigea sur ce lieu une croix en pierre de taille : celle qu'on désigne aujourd'hui
sous le nom de Croix-Blanche. »
L'instituteur de Neuilh en 1887 nous donne cette précision : « Un jeune homme ayant
été assassiné à cet endroit, ses parents y firent placer une petite croix en pierre
blanchâtre. Cette pierre étant devenue à peu près ronde par la disparition presque
complète des bras, les bergers s'amusaient souvent à la faire rouler jusqu'au fond
d'un ravin, et pendant la nuit elle revenait d'elle même à sa place. Pour perpétuer
ce souvenir miraculeux, le curé de Neuilh, Cazaux Bernadette, eut l'idée en 1852
de remplacer la petite pierre par une grande croix en pierre blanche. C'est elle
qu'on y voit encore aujourd'hui. Quant à la petite croix, elle a été placée sous
le piédestal de la nouvelle. »
Un panneau informatif a été ajouté récemment (photos 2017) : Le côté recto présente
la légende de la croix-blanche, tandis que le verso nous montre de belles images
de la commune d’Arrodets-ez-Angles. :