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La Croix de l’enfant

sur le territoire d’Esparros

Cette page va vous faire découvrir un des lieux les plus reculés des Pyrénées et une histoire vraie, celle de la Croix de l’enfant.

Nous sommes le 25 mars 1867 en début de soirée au petit hameau de l’Artigaleou, dans la moyenne montagne des Baronnies (à près de 1000 mètres d’altitude). Dans la famille Ricaud, on s’aperçoit qu’on n’a plus de bougies pour éclairer la modeste pièce à vivre. Le petit Dominique, courageux petit garçon de 6 ans, décide d’aller en chercher dans la ferme voisine, à quelques centaines de mètres seulement. Il fait froid, quelques flocons de neige se mêlent à une fine bruine. Dominique prend sa cape, chausse ses sabots et part d’un pas décidé. Malheureusement, un épais brouillard se lève aussitôt et l’obscurité arrive immédiatement. Même quand on connaît bien le chemin comme Dominique, on peut très vite se perdre et c’est ce qui lui arrive. La cape de Dominique se mouille, de l’eau glacée entre dans ses sabots boueux. Il fait sombre. Le garçonnet chante, se donnant ainsi le courage de mettre un pied devant l’autre pour retrouver son chemin. Mais les flocons de neige blanchissent ses cheveux et il a effroyablement froid ; il ne peut plus bouger ses doigts engourdis. En marchant, longuement, il crie de toutes ses forces mais seul le souffle du vent glacé lui répond. Immobile et grelottant, il se recroqueville au pied d’un arbre de la forêt profonde et s’enveloppe dans sa cape. Il s’endort. Il n’entend même pas au loin les hurlements du loup, que les enfants craignent tant, et qui est encore bien présent en Bigorre à cette époque. On retrouvera le petit Dominique au matin du 26 mars 1867, mort de froid, enveloppé dans sa cape. Une grande tristesse gagna les habitants des Baronnies, notamment à Esparros, Arrodets et Laborde d’où la famille Ricaud était originaire. Le petit Dominique est inhumé au cimetière de Laborde et un tailleur de pierre du village grava une croix, que l’on déposa à l’endroit du drame.

Nous ne vous encourageons pas à chercher cette croix, pas indiquée et très difficile à trouver à travers tous les petits chemins dans la forêt, mais nous allons vous montrer quelques images.

En partant, nous avons une dernière pensée pour le petit Dominique, mort de froid aux premiers jours du printemps, au pied des plus vieux arbres de la forêt.

L’environnement de la croix semble régulièrement entretenu et fleuri par des mains inconnues et bienveillantes.

Première tentative : du col de Couradabat

L’excellent guide de « Randonnées dans les Baronnies » nous indique un accès à la croix de l’enfant en 20 minutes aller-retour depuis le col de Couradabat.

Une multitude de petits chemins, dont certains ne menant nulle part, ainsi que l’arrivée du brouillard nous dissuadent d’aller plus loin.

Deuxième tentative : du courtaou d’Artigaléou

Nous décidons une deuxième tentative depuis le courtaou d’Artigaléou, en partant d’Arrodets :

Nous avons effectué tout le trajet bleu en VTT, sauf les 100 derniers mètres à pied. Mais on a la possibilité d’effectuer le trajet jusqu’au Courtaou en voiture.

L’accès au courtaou se fait par une route forestière en bon état. On peut y aller en voiture par temps sec sans problèmes malgré le panneau (risques hivernaux principalement). Les chiens sont interdits.

Voiture garée un peu avant le courtaou d’Artigaléou.

Nous sommes dans les estives, avec des paysages magnifiques. Non loin de là ont été tournées de nombreuses scènes du film « Le Pacte des Loups ».

C’est une zone de pastoralisme. Voilà pourquoi les chiens sont interdits.

Dès le début, nous sommes dans les bois. Le chemin est bien entretenu et monte vers le sommet. Nous avons la chance de rencontrer des animaux sauvages (sanglier mangeant des glands, cerf s’enfuyant à notre passage). Nous avons pris la précaution d’installer une application GPS sur le smartphone, bien utile pour trouver le bon sentier.

Nous voilà arrivés. On aperçoit au fond la Croix de l’enfant, ceinturée de pierres.

Le brouillard se lève à nouveau, nous laissant imaginer quelques instants la détresse du petit garçon en ces lieux particulièrement sauvages et inhospitaliers.

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