Pour le plaisir, voici une savoureuse description d'une scène de vie dans le village
de Bénac en 1832 (« Voyage aux Pyrénées Françaises » - J.-P. Picquet) : « Bénac -
Les éclats d'une bruyante joie m'attirèrent sur la place du bourg. Un vaste théâtre,
élevé sur des tonneaux, ornait cette place. L'assemblée était très nombreuse. Instruits
par le régent du lieu, les acteurs de la pastorale jouèrent Zaïre avec les gestes
forcés et les plus plaisantes fautes de langue, on ne parle français que dans les
villes. Si on ne pleura pas aux beaux vers de la tragédie, on riait d'un Orosmane
en grande perruque et en robe de palais. les femmes étaient exclues des rôles : on
aimait mieux sans doute, les laisser à leurs soins domestiques. Qu'on imagine une
vertueuse Zaïre en barbe, agitant l'éventail de la même main qui, la veille, conduisait
la charrue ; la princesse était ornée d'ailleurs de tous les falbalas du pays. Ce
spectacle devait amuser le spectateur le plus mélancolique. Le dirai-je? dans ce
fracas de moeurs grossières, moitié comiques, il régna dans cette attelanne un je
ne sais quoi qu'on ne trouve pas toujours dans l'enceinte étroite de nos spectacles.
C'est un fait digne de remarque et sûrement bien rare, que le peuple bigorrais ne
supporte pas les pièces de boulevard : il faut, pour l'intéresser, nos chefs d'oeuvre
dramatiques. Pour avoir mal jugé du goût de ce peuple, un premier acteur des Variétés
fut sifflé sur le théâtre de Tarbes. »
Le clocher isolé est plus récent que l'église. L'instituteur de Bénac en 1887 en
parlait en ces termes dans sa monographie de la commune : « Une tour baissée, jadis
servant de télégraphe et aujourd'hui de beffroi semble garder le temple sacré comme
une sentinelle vigilante et austère. »
Observez ce porche à colonnes de marbre et le portail renaissance. Les bases et les
chapiteaux datent du 12e siècle. Il est possible que les colonnes soient des anciennes
colonnes romaines réutilisées. L'église de Bénac est l'une des plus anciennes du
secteur du Marquisat (sinon la plus ancienne). En effet toutes les autres églises
ont été détruites en août 1569 lors du passage de Montgomery. L'église de Bénac n'a
dû son salut qu'à la présence à ses côtés du château de Barry.
En se promenant à Bénac, on ne peut que remarquer la belle église d'origine romane
qui date des 12 et 13e siècles. C'est l'église de la Nativité de la Sainte-Vierge.
Cette église de type bénédictin, en croix latine, fut un prieuré dépendant de Saint-Pé.
Une photo des années 1910.
Autrefois, on pouvait trouver suspendu dans l'église le haubert du Seigneur Bos de
Bénac (aujourd'hui conservé dans un musée de Saint-Etienne).