Ibos : une église qui pousse dans la nuit
Dans chacune des provinces de France, il est un coin du pays prédestiné, à tort ou raison, à la sottise. C’est ainsi qu’en Bigorre, les prétendus naïfs d’Ibos sont légendaires par leurs fabuleuses et cocasses aventures.
Il y a longtemps, les bourgeois de Tarbes, appauvris par les troubles de la guerre
de cent ans étaient devenus jaloux de la prospérité agricole des paysans leurs voisins.
Ce qui mit leur comble à leur jalousie, c’est que les gens d’Ibos venaient de faire
construire leur église par l’architecte qui venait de refaire la cathédrale de Saint-
C’est d’abord l’histoire de « l’église qui bouge ». Les Tarbais suggérèrent aux habitants
d’Ibos de déplacer leur église neuve pour qu’on puisse la voir de toute la Bigorre
et de la transporter sur un coteau voisin. Toute la population se met à l’ouvrage
et l’on entoure la flèche principale d’un triple cordon de câbles, sur lesquels les
« pépis d’Ibos » tirent avec énergie. Mais les câbles, qui sont en laine, s’allongent
et se rompent, et tous les habitants d’Ibos tombent à la renverse, pêle-
Mais ce n’est pas tout. Encore tout penauds de cette confusion des jambes, les consuls
sont convoqués à son de trompe, dans la maison commune. « Mes amis, leur dit le maire,
nous n’avons pas pu hisser notre église au sommet du plateau de Ger ; il ne faut
pas cependant renoncer à l’espoir de la faire admirer de tous les lieux de la Bigorre.
Elevons-
Grand embarras et longue discussion. Alors un vieux jardinier leur dit : « Si nous traitions notre église comme je soigne mes carottes et mes choux, en portant au pied du bon et chaud fumier, pour la faire pousser et la faire grandir… » Et alors les Ibossiens de porter dans leur cimetière la litière de leurs bestiaux, tant et si bien que, trois jours après, la masse de fumier s’élevait autour des murs jusqu’à l’appui des fenêtres. Aucun résultat. Au bout de quinze jours, grandes clameurs devant le porche : le fumier ayant fermenté s’était tassé et un large espace séparait son niveau actuel de la trace apparente qu’avait laissée la litière fraîchement posée. « Voyez, dit le maire, l’église a grandi de trois empans ; attendons encore… » Mais on attendit en vain.
Alors, un dimanche, le curé, en chaire, leur tint ce discours : « Mes frères, le
seul moyen de faire croître votre église est de lui donner chaud. Voyez, elle n’a
poussé qu’au pied, juste à l’endroit où le fumier l’a réchauffée. Couvrons-
L’église d’Ibos est une des plus belles de la région.Ce n’est pas une cathédrale (pas d’évêque). L’église fut élevée au rang de collégiale en 1342 par Philippe VI de Valois, roi de France. Elle est construite de briques et de galets roulés. La tradition locale affirme que le méridien de Greenwich passe entre les deux flèches de l’église ; à vérifier…