La Grotte des Espélugues

à Lourdes

Une photo colorisée

Vers 1900 - les premiers aménagements.

Sainte Marie

Détail de la photo

Sainte Marie

Sainte Madeleine

Située juste à côté de la grotte des apparitions (point vert), la grotte des Espélugues (point rouge) est beaucoup moins célèbre. Elle a pourtant abrité des hommes de la Préhistoire qui ont laissé dans cette grotte des statuettes et des gravures de première importance.

Pour y accéder, il faut parcourir le Chemin de Croix de la colline dite du « Calvaire ». Le Chemin de Croix est, pour ceux qui ne le connaissent pas, un lieu remarquable. En le parcourant, on a une idée précise de l'endroit fréquenté par les premiers habitants de Lourdes. La grotte des Espélugues est tout à la fin du Chemin de Croix, au bout de la descente (après la dernière station que l'on voit sur cette photo).

Les gens pressés d'admirer la grotte peuvent prendre le Chemin de Croix à l'envers en garant leur voiture sur la Place du Comte de Beauchamp devant la « Porte des Lacets ».

Nous y voici ! La grotte possède plusieurs entrées. Fort anciennement connue, la grotte a été fouillée entre 1860 et 1885 par de nombreux chercheurs (Milne-Edwards, Garrigou, Martin, Frossard, Harlé, Teilhac, Pothier, Dufourcet). Ils y découvrirent des ossements d'animaux et quelques rares objets gravés (notamment un os représentant un poisson). Garrigou déposa quelques objets au Muséum de Toulouse en 1867.

Le même plan vers 1910.

Le site des Espélugues abritant les hommes préhistoriques, a été fréquenté par la suite puisqu'on a aussi retrouvé des poteries, des bracelets en bronze, des outils en fer... La célèbre Grotte des Apparitions, elle aussi, a certainement dû servir d'abri aux hommes préhistoriques. Paradoxalement, c'est le dernier chercheur Léon Nelli, qui découvrit vers 1889 les objets les plus intéressants.

Après les apparitions de la Vierge Marie en 1858, les autorités religieuses décidèrent (quelques années plus tard) d'aménager la colline du calvaire pour y construire le Chemin de croix. Ils eurent l'idée de vider la grotte des Espélugues dans le but de rendre la voûte plus élevée et plus belle et d'y créer des chapelles. Ils y installèrent les statues de Sainte Marie et de Sainte Madeleine. La grotte s'appela Grotte Sainte-Madeleine, Grotte Notre-Dame des Douleurs ou Grotte du Calvaire. Les déblais furent utilisés de deux façons. Une partie fut utilisée dans un jardin pour servir d'amendement, après avoir été mêlée à d'autres terres. L'autre partie servit de remblai à un chemin. Nelli découvrit dans la grotte une anfractuosité très basse d'où les amas de terre n'avaient pas été enlevés. Il la fouilla et recueillit la célèbre statuette en ivoire de mammouth du « Cheval de Lourdes ».

Léon Nelli était le fils d'Isidore Nelli, entrepreneur général de la basilique du Rosaire. Il eut l'idée lumineuse d'explorer le remblai du chemin où les débris avaient été transportés. Il en retira une magnifique collection de sculptures, de gravures, d'armes et d'outils. Cette collection abondante surprend lorsqu'on pense que les premiers chercheurs n'avaient trouvé que peu d'objets gravés ou sculptés. On explique ce fait par une grande richesse du gisement dans un endroit localisé de la grotte, à une profondeur non atteinte par les premiers chercheurs.

Malheureusement, les objets mêlés aux terres du jardin ont été définitivement perdus. Les objets de la collection Nelli ont été déposés au Musée de Saint-Germain-en-Laye. Vous pouvez voir les plus beaux objets en cliquant sur notre page spéciale préhistoire (bouton ci-dessous) :

Mais le site n'a peut-être pas encore livré tous ses secrets. Jean-Luc Boudartchouk et son équipe ont fouillé le site en 1992 avec l'autorisation des services techniques du sanctuaire. Ils y ont encore fait des découvertes intéressantes. Ils ont même découvert une autre cavité à 50 mètres environ. Mais en attendant que quelqu'un fouille l'hypothétique gisement avec les moyens modernes, les services des Sanctuaires ont fermé la cavité pour la protéger.

Pour le plaisir, voici quelques anciennes photos et cartes postales (entre 1900 et 1920) de la cavité. La Grotte des Espélugues mérite d'être mieux connue

La célèbre George Sand a visité les Espélugues en 1825, bien avant les découvertes. Voici ce qu'elle écrit à sa mère : « J'étais seule en avant, je fus ravie de me trouver dans une salle magnifique soutenue par d'énormes masses de rochers qu'on aurait pris pour des piliers d'architecture gothique... » Dans cette correspondance, elle trouve le paysage de Lourdes et de ses environs de « plus beau du monde ». « Le torrent bleu azur, les prairies d'un vert éclatant, un premier cercle de montagnes couvertes de bois épais et au second à l'horizon, d'un bleu tendre qui se confondait avec le ciel, toute cette belle nature éclairée par le soleil couchant... J'étais transportée ». Qui a dit qu'il fallait aller au bout du monde pour voir de belles choses ?

Voici une photo exceptionnelle de 1870. Soit à peu près 20 ans avant les trouvailles de Léon Nelli ! Remarquez le personnage cerclé de rouge pour l’échelle de dimensions.

Topographie des Grottes des Espélugues. Merci à M. Cassou pour cette contribution.