Victor Hugo en donne une description en 1843 : « Quand les miquelets et les contrebandiers
espagnols arrivaient d'Aragon par la brèche de Roland et par le noir et hideux sentier
de Gavarnie, ils apercevaient tout à coup, à l'extrémité de la gorge obscure, une
grande clarté, comme est la porte d'une cave à ceux qui sont dedans. Ils se hâtaient
et trouvaient un gros bourg éclairé de soleil et vivant. Ce bourg, ils l'ont bien
nommé : Lumière, Luz. ». Jusqu'en 1859 où eurent lieu les travaux de la route du
Tourmalet, ce passage était le seul chemin possible pour se rendre de Luz à la montagne.
Ce chemin était étroit et mal entretenu. Le Pas de l'Echelle en était l'endroit le
plus dangereux, passage périlleux s'il en est. C'est même un lieu historique dans
la défense du pays Toy contre les miquelets, brigands venus d'Espagne (bataille du
14 septembre 1708). On l'appelait « Echelle » à cause des rochers taillés en gradins
qu'il fallait monter ou descendre. Autant dire qu'en se penchant par-
Le chemin a été grandement amélioré, grâce à des travaux gigantesques. Des plaques sur la roche, encore visibles de nos jours, témoignent de ces travaux.
Malheureusement, le 13 août 1923, eut lieu un horrible accident de la circulation
qui tua 22 personnes. C'est à notre connaissance, l'accident de la route le plus
meurtrier ayant eu lieu dans les Hautes-
On doit pouvoir trouver sans mal dans les journaux de l'époque le compte-
Voilà comment on retira le survivant de la catastrophe de Saint-
Un filin a été tendu entre le précipice et le haut de la route. Une équipe accrocha une sorte de hamac au filin et une deuxième équipe placée plus haut remonta le hamac.
En 1923, l'endroit exact où l'autocar, brisant le parapet, tomba dans le Gave.
Des cartes postales montrèrent l'endroit de l'accident. Le « Pas de l'Echelle » a été rebaptisé « Gouffre de l'Echelle » ; c'est beaucoup plus évocateur !
Sur cette carte postale de 1947 que nous avons retrouvée, on lit une description (exagérée) de l'accident :
Notre site n’a pas pu retrouver une photo de l’autobus au fond du ravin. Pas sûr qu’elle existe...
Le gouffre de l'Echelle aujourd'hui.
Une stèle est présente sur les lieux de l'accident.
Quelques précisions données par « Le Lavedan pittoresque » publié en 1924 : « A 100
mètres du pont, le 13 août 1923, un autocar venant de Gavarnie et contenant 23 touristes
hollandais tomba, on ne saura jamais pour quelle cause, dans le gave, d'une hauteur
de 80 mètres. Le Gave est particulièrement escarpé en cet endroit et les eaux grondent
au fond d'un couloir dont les parois sont à peu près verticales. Tous les voyageurs
furent noyés à l'exception d'un seul, M. de Kueypers, âgé de 23 ans, qui n'eut aucune
lésion. Le Gave garda quelques-
M. Joep Haffmans, des Pays-
Ce n'est pas la première fois qu'un véhicule basculait dans le vide dans nos montagnes. Voici ce qu'on pouvait lire dans le « Petit Journal » d'août 1901 : « Il faut encore déplorer un terrible accident qui s'est produit au retour d'une excursion dans les Pyrénées. Quatre touristes revenaient vers Cauterets d'une promenade au pont d'Espagne, lorque leur voiture, attelée de deux chevaux, versa dans un ravin assez profond. L'un des excursionnistes, le R.P. jésuite Baton, de Pau, a été tué sur le coup : les trois autres, ainsi que le cocher de la voiture, ont été grièvement blessés. »
Enfin, notez que le deuxième accident le plus meurtrier dans notre département survint le 19 octobre 1979 : un car espagnol franchit la barrière du passage à niveau de Séméac quand arriva le train : 19 morts (voir notre page spéciale).
Voici une autre description de l’accident dans « L’Illustration » :
N°4199 du 25 août 1923.
L’équipe des sauveteurs. En bas, Hourcadet qui descend en rappel.
Le Pas de l'Echelle vers 1841-
Une des plus anciennes photographies prises dans les Pyrénées : Le Pas de l'Echelle
avant 1860 par Maxwell-
Erik Verhaest a pu récupérer en Hollande huit clichés exceptionnels concernant l’accident,
directement auprès de la famille du seul survivant (cerclé de rouge sur les deux
photos ci-
Toutes les personnes présentes sur la photo sont décédées, à part Mathieu Kuijpers
le survivant et le petit garçon, près du pare-
Le groupe de touristes hollandais pose pour la photo avant l’excursion tragique.
« Sauvetage du seul survivant de l’accident du bus le 13 août 1923 à Luz-
Au dos de la carte-
Le survivant (on peut même dire miraculé), tenant son sauveteur Hourcadet par l’épaule.
Voici l’article de presse : « Lambertus, sa femme et leur fille sont morts dans l’accident
de Saint-
M. Henneman et sa femme Helena sont restés dans l’accident, comme leur fille Catharina, que l’on voit souriante sur les photos de groupe, à côté de Mathieu, qui avait le même âge.
Le 27 août le Nederlandsche Reisvereeniging reçut un télégramme disant que le cadavre de Mlle C. Henneman avait été retrouvé et identifié.
Tout le monde (ou presque) connaît le célèbre Pont Napoléon à Luz-
Voir aussi notre page :
Une chapelle ardente fut dressée à Lourdes (précision apportée par M. Szott -
Le cimetière de l’Egalité à Lourdes en 2013. Merci à M. Henri Szott pour cet envoi.
M. Henri Szott nous écrit : « Passionné d'histoires et légendes des Pyrénées et même
d'ailleurs, j'ai beaucoup apprécié votre site. Mon beau-
Hanté par cette histoire, chaque fois que je viens en vacances dans le Pays Toy, je recherche un témoignage de ce drame. Votre site m'a bien aidé. J'ai donc recherché où étaient enterrés les Hollandais. Parcourant divers cimetières de la région dont celui de Luz. J'ai retrouvé grâce aux photos le lieu exact et c'est au cimetière de " l'Egalité " non loin du château de Lourdes que j'ai retrouvé les indices : la croix celte et les autres croix sur les tombes. Mais, surprise, là où se trouvaient les 11 cercueils à l'emplacement même un monument dédié aux morts pour la France a été érigé. Le lieu de la photo est voisin à la tombe très visitée appartenant à la famille Soubirous parents de Sainte Bernadette.
De fil en aiguille, j'ai même retrouvé le petit fils (demeurant dans le Var) de Louis Léon AUGER chauffeur du car. Il fait déposer un bouquet de fleurs tous les ans pour le 23 août date anniversaire de naissance de son père Jean AUGER ( ancien capitaine du FCL XV de Lourdes et ancien Résistant) dont les cendres ont été jetées à sa demande sur le lieu de l'accident du car. »
Si vous connaissez le lieu exact où reposent les Hollandais (Pyrénées ou Pays-
« Saint-
Ma bien chère maman,
Je viens de recevoir votre lettre du 12. Dimanche. Arrivée avec une rapidité étonnante. Hier matin, nous avons bien ébauché un plan de départ mais tout est resté en plan ! … Tout le pays est consterné, atterré, par l’horrible accident survenu hier au soir et dont les journaux vous auront donné le pénible écho. C’est affreux ! Un car de 23 personnes est tombé dans le Gave de Gavarnie tout près d’ici 50 m. à 100 m. avant le pont Napoléon, à l’endroit où la gorge est le plus haut, le plus resserré, enfin un véritable abîme dont on voit à peine le fond en se penchant beaucoup.
Un témoignage du lendemain de l’accident :
Nous l’avons appris des premiers, étant chez nous, par des touristes passant en auto
et criant affolés : Une auto dans le Gave !… André est parti aussitôt ne voulant
pas que je le suive et il a bien fait ; au premier instant je ne réfléchissais pas
sur l’horreur du spectacle et comme je ne pouvais être utile !… Je ne vous donnerai
pas des détails, j’ignore presque tout, sauf que ces pauvres malheureux sont morts,
sauf un qui hier au soir a parlé à un jeune homme qu’on a descendu péniblement avec
des cordes. Ce dernier a voulu essayer de le remonter, il souffrait tant et était
tout écrasé n’a pas voulu. On l’a réconforté et comme la nuit était là, on a dû lui
laisser passer là-
André est parti au petit jour, ce matin, voir s’il pouvait aider au sauvetage. Il
m’a promis d’être prudent, aussi je n’ai pas d’angoisse. Il est revenu en courant
vers 10h chercher à l’hôtel un couvre-
Hier soir, j’avais pensé vous télégraphier pour vous rassurer sur notre compte en
cas que les journaux, trop pressés toujours, donnent mal les renseignements. Mais
j’espère qu’ils spécifieront que c’est une auto de Lourdes et des touristes hollandais…
peut-
Il me tarde que mon chéri revienne, pour avoir des renseignements, car les passants disent des choses contraires, ignorant tout, et voulant tout savoir. Quel défilé de femmes et d’enfants allant là comme à un spectacle ! ! André hier soir était fou contre elles et les a angoissées de sottises, ou du moins de vérités sanglantes sur leurs désirs d’émotions malsaines.
Ma lettre est bien décousue ! J’écris tout en surveillant si André arrive, il est midi et demi ! Le déjeuner a sonné depuis longtemps et tous les messieurs sont absents aussi il doit n’y avoir que les dames à table.
6h : Je reprends ma lettre interrompue tout à l’heure tant j’étais inquiète, puis
désespérée. Des messieurs sont rentrés vers 2h disant qu’enfin le survivant du sinistre
était en haut de l’abîme ! Je croyais que mon chéri allait arriver !… J’ai dû attendre
16h moins 20 !… Il est arrivé n’en pouvant plus, brisé par l’angoisse qui a été horrible
pour les spectateurs tout le temps du sauvetage ; depuis 6h, debout et au soleil
avec une tasse de lait dans l’estomac. Ce sauvetage a été des plus pénibles, André
vous en racontera les péripéties arrivées de vive voix, ce serait trop long ! Le
courage du jeune homme sauveteur et son intelligence ont été admirables ! Descendu
à 8h… il remontait à 16h… et quel sang froid, quel courage, il lui a fallu. Quant
au seul rescapé… c’est miraculeux ! La gorge a près de 130 m de profondeur… la vitesse
de l’auto, la chute, les rochers, le courant… tout était fait pour qu’il périsse !
André ignore les détails qu’il a pu donner, mais il croit qu’il a dit peu de choses…
il souriait ! Car j’oubliais la chose principale pourtant : cet homme est indemne !
Au moins il a tous ses membres et les contusions ne semblaient pas graves. Il revient
de loin, et peut dire qu’il a vu la mort de près ! Les journaux donneront bientôt
les détails complémentaires, c’est à dire l’interrogatoire et les explications qu’il
donnera sur l’accident ! Il aurait dit, paraît-
Ma lettre va vous attrister mais j’avoue que malgré tous nous sommes assez émotionnés ! On apprend un accident par le journal… passe, mais là c’est si près, et chaque jour c’était un tel défilé ! Et encore heureusement que je n’y suis pas allée ! Je vous embrasse de tout mon cœur pour mon chéri et pour moi, toute à la joie de pouvoir enfin dimanche le faire réellement. Irénée. »
De nos jours, l'endroit de l'accident s'appelle (avec beaucoup de mauvais goût) « Saut des Hollandais ». Désormais, nul doute que vous aurez une pensée pour ces pauvres malheureux en passant près du pont Napoléon !
Luz-
Le Gouffre de l'Echelle
lieu d'un horrible accident
Le site du pont Napoléon et du Pas de l’Echelle. Le point rouge indique approximativement le lieu de chute du car.