Le champ de courses

à Pouzac

(ou l’histoire de l’équitation dans la région du Haut-Adour)

Ce champ de courses était relativement ancien puisqu'on pouvait lire dans « Précis de géographie universelle » par Conrad Malte-Brun en 1832 : « On a traversé le village de Pouzac, intéressant par les courses de chevaux qui s'y font tous les ans » (au mois d'août). Nous pensons que l'hippodrome a cessé de fonctionner après 1918, certainement à cause de la guerre.

Sur ce document des années 1900, on s'aperçoit de la présence d'un hippodrome à l'entrée de Bagnères. Cet hippodrome n'existe plus. Son emplacement n’est pas évident à retrouver car Pouzac a bien changé en quelques décennies.

Edmond Blanc est le fils de François Blanc, fondateur de la Société des Bains de Mer à Monaco (propriétaire du Casino et d'hôtels de luxe à Monte-Carlo). François Blanc est à la tête d'une fortune considérable.

François Blanc

On soupçonnait Edmond Blanc d'avoir profité de sa fortune pour gagner l'élection à Bagnères. Après la validation du scrutin, Jean Jaurès mena en mars 1894 un combat contre l'élection d'Edmond Blanc à Bagnères. Il demandait l'invalidation pour faits de corruption. En vérité, le leader socialiste réclamait que la loi légalise les conditions de financement des campagnes électorales. En 1894, Jaurès réussit à obtenir l'invalidation d'Edmond Blanc. C'est un épisode relativement important de l'histoire politique française. Toutefois, cela n'empêcha pas Edmond Blanc d'être élu député de Bagnères en 1898 (jusqu'en 1902).

Jean Jaurès

En 1901, il construisit le célèbre hippodrome de Saint-Cloud. C'est la raison principale pour laquelle il ne se représenta pas aux élections de Bagnères en 1902.

Edmond Blanc était également Maire de La-Celle-Saint-Cloud (de 1890 à 1912) près de Paris. Il acheta en 1898 l'ancien château de Fouilleuse pour le transformer en champ de courses d'entraînement. Le nom d’Edmond Blanc est donc lié à deux villes proches mais distinctes qui sont Saint-Cloud (92) et La Celle Saint-Cloud (78).

Pour Edmond Blanc, Saint-Cloud c’était :

-Son hippodrome

-Son Centre d’entraînement de la Fouilleuse

-Une de ses demeures (aujourd’hui Paris Country Club)

-L’endroit où y il est enterré

La Celle Saint-Cloud c’était:

-Son château (photo ci-dessous)

-La Mairie dans laquelle il a été élu maire

-Deux haras (haras de la Celle Saint-Cloud/Belebat  et haras de la Châtaigneraie)

Merci à Laurent Boumendil pour toutes ces précisions.

Saint-Cloud et  La-Celle-Saint-Cloud

Hippodrome de Saint-Cloud, un coin du pesage sous la pluie (les boxes).

Hippodrome de Saint-Cloud, la rentrée (16 mars).

Hippodrome de Saint-Cloud, la rentrée (16 mars).

Le richissime Edmond Blanc, voulant se présenter à la députation en 1893, choisit le département des Hautes-Pyrénées. Eleveur et propriétaire de chevaux bien connu, il fait l'acquisition des haras de Pouzac afin d'avoir une implantation locale. Nous le voyons ici sur une photo qui correspond à son âge lorsqu’il découvre Pouzac vers 1892-1893, il a alors 36-37 ans (merci à M. Boumendil pour l'envoi de la photo).

Edmond Blanc

L’autre haras de Bagnères (Gerde et Trébons)

Il existait un autre haras à Bagnères, celui de l’élevage Comet, fondé en 1892. M. Comet, fondateur des usines du même nom à Gerde (qui furent un temps centre Laurent-Fignon), fabriquait des lainages. Mais il avait une grande passion pour les chevaux, si bien que son élevage à Bagnères pouvait être comparé à celui de Fould à Tarbes. Son haras était divisé en deux parties : la jumenterie à Gerde autour de l’usine, et à Trébons se trouvait le reste de la station (yearlings, poulains au repos).

La jumenterie de Gerde comprenait en 1902 une trentaine de vastes boxes et des paddocks abondants et gras. Ces paddocks entouraient de toutes parts l’importante usine de lainage. La proximité des prairies avec les boxes permettait de pouvoir rentrer au plus vite les poulains nouveaux-nés en cas de pluie, de grand vent ou de grêle.

Le quartier des yearlings à Trébons permettait d’habituer les poulains au pansage, de les caresser, bref de leur faire perdre le caractère sauvage qui retarde souvent le dressage. Une vingtaine de poulains étaient produits chaque année.

Deux têtes de chevaux au portail nous rappellent l'usage de ces bâtiments. L’ensemble a appartenu au richissime Edmond Blanc, créateur de l’hippodrome de Saint-Cloud (voir nos explications en bas de page).

Né à Paris le 22 février 1856 (mort le 12 décembre 1920), M. Blanc est un des plus gros actionnaires de « L'Echo de Paris » et une figure bien connue sur tous les hippodromes. Il gagne l'élection le 20 août 1893 avec 6886 voix (contre 6406 à son adversaire) et devient député de la circonscription de Bagnères-de-Bigorre. Il utilisa ses qualités d'éleveur pour séduire l'électorat rural. En 1911, il a offert aux haras de Tarbes l'étalon Windsor.

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Le champ de courses explique la présence à Pouzac d'anciennes écuries qui furent un temps transformés en galerie d'art et restaurant.

L’ancienne villa d’Edmond Blanc et les haras

Pouzac - plan de situation.

L’endroit est aujourd’hui un lieu prisé d’hébergement touristique, avec de belles chambres, un restaurant et même une boutique (que nous vous conseillons). Son propriétaire a eu la gentillesse de nous montrer l’emplacement de l’hippodrome.

Pouzac - emplacement de l’hippodrome (photo 2019).

Pouzac - emplacement de l’hippodrome (photo 2019).

Pouzac : La carrière pour entraîner les chevaux. Ce lieu accueille encore les chevaux que les propriétaires de Bagnères et des environs peuvent héberger et entraîner ici (photo 2019). Il n’est pas impossible qu’un jour, une piste d’entraînement renaisse sur l’emplacement de l’hippodrome.

Course de trot attelé entre Bagnères et Tarbes, sur la route !

Galerie de photos anciennes

Peu de photos anciennes existent de l’hippodrome et des activités équestres autour de Bagnères. Profitez de ces quelques clichés :

Pouzac - l’hippodrome et les tribunes vers 1910.

Pouzac - l’hippodrome et, au centre, les tribunes vers 1910.

L'équitation dans les Hautes-Pyrénées.

Voir aussi notre page :

Panneau d’exposition à Pouzac en juin 2018, avec un plan inédit de l’hippodrome.

Visite des anciens haras de Pouzac et des écuries

La villa et le jardin.

Superbes écuries, contemporaines des haras de Tarbes.

Observez le sol et sa belle « calade ».

Tout le charme des détails.

Le bar-restaurant.

La boutique de conserves artisanales.

Cette rare photo retrouvée de l'hippodrome de Pouzac provient de l’ouvrage « Bagnères-de-Bigorre, histoire d’une ville thermale » par Philippe Mayoux (Editions Sutton). Au premier plan, le pesage. Aux deuxième plan, les tribunes.

Cette petite revue de presse de l’époque nous donne de précieux renseignements :

L’Avenir des H-P : 10 août 1884

L’Avenir des H-P : 18 août 1912

L’Avenir des H-P : 26 octobre 1919

Course de trot attelé en août 1901.

Concours de saut d’obstacles. Au fond à gauche, la carrière.