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Juste à gauche des Grands Thermes, on pouvait voir autrefois un très grand bâtiment : l'hôpital-hospice Saint-Barthélémy. Ce bâtiment fut hélas détruit en 1919, et à sa place on trouve actuellement les tennis et les terrasses des thermes.

Un horrible massacre

à Bagnères-de-Bigorre

Sur la droite de ce bâtiment, trois portes s'ouvrent sur la chapelle de l'hôpital (photo ci-dessous).

Les photos de cet endroit sont très rares.

Devant les portes de la chapelle eut lieu en 1363 l'horrible massacre de deux clercs de notaire. Cet événement est relaté dans le livre Glanes bagnéraises de Réné Escoula paru en 1926. L'auteur reprend le « Répertoire Laspales », qui mentionne quelques crimes ou révoltes du XIV au XVIIe siècle à Bagnères.

Le lieu du massacre. Cela se passait pendant la Guerre de Cent Ans. En même temps, entre 1361 et 1363, la Peste décimait une partie de la population française et des révoltes étaient relativement fréquentes (photo 1905).

« En 1363, dans le mois de novembre, vers la fête de St-Clément pape et martyr, il se leva une affreuse sédition entre les populaires et les plébéiens de la ville de Bagnères. Le bruit s'en étoit répandu au dehors et avoit jeté la consternation dans le voisinage. Partout on n'étoit plus occupé qu'à la recherche des moyens propres à en arrêter les effets (La charte d'où je tire ce récit ne rapporte pas la cause qui avoit donné occasion à ce tumulte). Maître Bernard Corise notaire et Jean de Casaubon clerc, avec quelques autres des habitants des villages les plus voisins de Bagnères, prirent la courageuse résolution d'y aller porter des paroles de paix, mais à peine se montrèrent-ils devant les séditieux que ceux-ci se levèrent avec fureur, principalement contre les deux infortunés élèves qui prirent la fuite pour s'aller renfermer dans l'église de l'Hôpital St-Barthélémy qu'ils avoient aperçue ouverte. Les scélérats qui les suivoient de près ne leur donnèrent pas le temps de se reconnaître. Les portes qu'ils venoient de fermer furent, dans l'instant, mises à terre. La violence qu'on leur fit, les obligea de sortir de l'église pour être mis en pièces, à coups de sabre dès qu'ils furent dehors.


L'énormité de l'assassinat sacrilège qui venoit d'être commis crioit trop haut vengeance devant Dieu et devant les hommes pour rester impuni. Aussi Bernard V, évêque de Tarbes, en porta-t-il se plainte au pape Urbain V. Le pape faisant droit sur la requête du prélat, députa sur les lieux Guillaume, cardinal, pour y recueillir les preuves légales et nécessaires à la parfaite connoissance de cette affaire. L'enquête faite et rapportée, les principaux auteurs du crime furent frappés d'excommunication, les églises de Bagnères mises en interdit, et le surplus de la cause renvoyé à la Cour de Rome pour y être jugé.


Les habitants et les autorités de Bagnères s'efforcèrent de régler cette affaire par la voie de la médiation. En conséquence une transaction fut passée le 26 août 1363. Par cet acte, les consuls et tous les autres habitants de Bagnères témoignent l'impatience où ils sont de rentrer au sein de l'église et qu'ils se soumettent entièrement et sans réserve à tout ce qu'il voudra exiger d'eux. L'évêque, acceptant cette soumission, leva l'interdit des églises et donna l'absolution des censures à tous ceux qui les avoient encourues, sous le Bon plaisir du Saint-Siège, du camerier du pape et de tous les autres officiers de la Cour romaine. Et en punition et satisfaction de leurs crimes, il exigea des dits Consuls et Syndic, agissant au nom de la communauté, qu'ils lui payeroient 500 florins d'or de France, en deux parts, savoir 200 florins au commencement du Carême alors prochain, et les 300 restants aux fêtes de Pentecôte suivantes. En outre ils seroient tenus de fonder dans le cours de l'année deux chapellainies suffisamment dotées pour fournir à la subsistance honnête de deux prêtres qui les desserviront, l'une dans l'église St-Barthélémy de l'Hôpital de Bagnères où les crimes sacrilèges ont été commis, pour prier Dieu à perpétuité pour le repos des âmes des deux clercs qui y furent massacrés, et l'autre dans l'église cathédrale de Tarbes, pour la réparation définitive faite à la religion, à l'église et à tout le clergé. Ce qui fut accepté sans aucune difficulté par les consuls, syndic et tous les habitants de Bagnères ».

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