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Les anciennes mines de plomb

entre Pierrefitte et Cauterets

En montant vers Cauterets, à droite au-dessus de la route, perchés comme des nids d’aigles, sont encore visibles de nos jours les bâtiments de la mine de Pierrefitte, d’où l’on extrayait des minerais de plomb argentifère (galène), de zinc (blende) et dans les dernières années de l’exploitation de la magnétite (oxyde de fer).


Souvent pour ce type de gisement, on attribue son exploitation aux Romains mais des datations au carbone 14 comme la découverte d’outils très anciens dans des mines voisines laissent à penser que les travaux de Pierrefitte pourraient être fort anciens.  Au XVIIIe siècle, le baron de Gestas s’intéresse à l’exploitation de la mine et on commence à extraire le minerai dès 1780, mais la Révolution met un terme à l’entreprise. De 1852 à 1869, les travaux reprennent sous l’égide du Marquis de Querrieu qui l’année suivante loue la mine à une compagnie belge. C’est avec elle que l’exploitation jusqu’alors artisanale passe au stade industriel. De 1879 à 1914, plusieurs compagnies anglaises s’y succéderont. Les produits de l’extraction étaient descendus aux laveries par câbles aériens, dont le plus long mesurait 6,6 kilomètres ! Après-guerre, c’est la société Peñarroya (devenue plus tard Métaleurop) qui l’exploita jusqu’à la fermeture de la mine en 1969. Elle avait installé un funiculaire permettant de monter à la mine le personnel ainsi que le matériel lourd.


La concession s’étendait sur une superficie de 2400 hectares et dix communes (Adast, Arcizans-Avant, Arras-en-Lavedan, Beaucens, Cauterets, Estaing, Pierrefitte-Nestalas, Saint-Savin, Soulom et Uz) si bien qu’il est difficile de rentrer dans les détails de chaque point d’extraction.

Marc Dompnier a eu la gentillesse de nous envoyer de forts beaux clichés (pris en 2012) qui nous rappellent la riche histoire du passé industriel de notre département. Louis de Pazzis a également bien voulu nous autoriser à publier ses images prises à l’intérieur des mines. Merci à tous les deux ! Avec un peu de chance, vous pourrez lire des articles dans la presse locale ou des revues spécialisées écrits par Michel C. Dupont, ancien des mines et qui a consacré sept années aux mines de Pierrefitte. Outre ses recherches sur le terrain, avec des heures de déblaiement des terres, il a recueilli les témoignages d'une vingtaine de mineurs ainsi que les rares photos qu'ils possédaient.

Nous ne vous conseillons pas la visite de ces anciens sites industriels, beaucoup trop dangereux par les nombreux pièges que l’on peut y rencontrer.

Quelques anciens clichés des années 1910-1920 pour terminer :

 Découvrez le site internet de Marc Dompnier (superbes photos) .   Lien vers la page spéciale consacrée aux mines de Pierrefitte par Louis de Pazzis.

Sachez que tous les documents et archives, dont les plans des galeries et des travaux miniers ont été transmis au Service des Mines à Toulouse. A noter enfin que c’est à partir d’échantillons provenant de cette mine que François Lecocq de Boisbaudran a isolé en 1875 le gallium (classé dans la case 32 du tableau de Mendeleiev).

Si quelqu’un possède des documents d’époque, des photos à partager, qu’il n’hésite pas à nous contacter (loucrup@orange.fr).

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Voici deux photos actuelles des derniers pylônes de la ligne du téléphérique par lequel les concentrés de minerais descendaient au niveau de la voie du PCL pour y être chargés.

Images de 1985-1986

Laurent Deplat habite Limoges où il a toujours vécu. Il a commencé le ski à Cauterets avec l'ASPTT à l'âge de dix ans en 1976 mais c'est à partir de 1980 qu’il a eu l'occasion de parcourir les cimes et les « 3000 Pyrénéens » en compagnie de moniteurs et amis passionnés de montagne qui avaient organisé un camp itinérant à partir de la colonie de la FOL Dordogne située à Uz au-dessus de Pierrefitte. C'est comme cela qu’il a connu cette mine et qu'il s'est intéressé à son histoire. Il a ensuite encadré des enfants dans cette même colonie jusqu'en 1991 et comme un ami avait acheté une grange à Igau (à proximité du bassin de décantation) il a eu l'occasion d'y revenir à de nombreuses reprises, et de prendre ces quelques clichés dans les années 1980 qu’il nous fait l’amabilité de partager avec nous :

« On voit à gauche un bâtiment qui était un atelier ou un magasin. J'y ai retrouvé des papier conservés dans une boîte à la cave… Entre la laverie et ce bâtiment, on distingue l'arrivée du convoyeur aérien venant de Garaoulère et le départ de celui descendant à Soussu. »

« A droite la laverie, au centre un tapis roulant qui devait certainement convoyer les concentrés qui descendaient (j'imagine) à Soussu par le convoyeur aérien. A l'arrière-plan, le bassin de décantation à Igau. »

« La gare supérieure du convoyeur aérien à Garaoulère. On voit le dessous des trémies qui remplissaient les bennes du convoyeur. »

« Intérieur de la Laverie : On voit au premier plan un décanteur avec son système de racleur de fond. A l'arrière-plan ce sont les cellules de flottation. Je me souviens que le sol était jonché de billes d'acier. je pense qu'elles provenaient de broyeurs à boulets. »

« Laverie : une grande porte coulissante en tôle (à peine visible sur la photo) permettait d'atteindre un genre de plate-forme qui dominait le process (le bâtiment comportait plusieurs niveaux car il était construit sur une assez forte pente). En entrant par cette porte, on était dominé à droite par un impressionnant tableau électrique avec petite passerelle d'accès. Je me souviens d'un gros volant sur ce tableau ainsi que d'appareils de mesure. Je n'en ai malheureusement aucune image... »

Photo du bassin de décantation prise depuis le chemin de fer principal en Juin 1985.

Même plan en Novembre 2017. Les bouleaux ont colonisé l'ancien bassin de décantation. On voit également que les talus ont été plantés afin de stabiliser le sol.

Le secteur de « vieille mine » vu depuis Igau (à droite prise au téléobjectif) en 1986. On distingue le bâtiment abritant la machinerie du grand plan incliné ainsi que les bâtiments supérieurs photographiés par Louis de Pazzis et Marc Dompnier (atelier et local abritant les installations électriques). Visibles également: le chemin formant des Z et permettant la descente à pied ainsi qu'un arrêt intermédiaire du funiculaire. Peu visible: les pignons des bâtiments qui dominaient la vallée de Cauterets (à gauche dans le prolongement du chemin). Ce secteur de la mine, bien qu'intéressant, est incontestablement dangereux et on ne peut que déconseiller de s'y aventurer seul si on ne connaît pas parfaitement les lieux.

Photo de la laverie prise au téléobjectif depuis Igau en Avril 1986.

 Voir les photos de Philippe Dumoulin, notamment sur le bassin de décantation.

Bâtiment de la machine du grand plan incliné. Le funiculaire resté suspendu en gare supérieure n'avait pas encore été déposé. Il était accroché à son câble sur la voie gauche (en regardant vers la vallée). On voit les deux câbles tendus sur la photo. La voie était dédoublée en gare supérieure. Lorsque la laverie a été détruite quelque années plus tard, le funiculaire en question fut retiré de la voie et découpé. Le châssis avec les essieux et le mécanisme de frein embarqué est encore visible à proximité du bâtiment.

« Le même secteur de "vieille mine" pris en Novembre 2017 depuis Igau. Il faut vraiment savoir où sont les bâtiments pour parvenir à les distinguer. » - Laurent Deplat.

« Cliché pris en Décembre 1986. L'absence de feuillage et la neige donnent une bonne vision du site. A gauche, on voit le chemin de fer principal et à droite on distingue un pylône du convoyeur acheminant le minerai depuis le secteur de Garaoulère (les câbles sont encore présents). »

Petit retour en arrière (1982)

« Photo prise en Novembre 1982 lors de mon premier passage à la laverie. Nous avions passé quelques jours dans les Pyrénées, sac au dos, avec mon copain Denis (qui est accompagnateur aujourd'hui). Partis d'Igau (940m), nous étions monté au Cabaliros (2334m) après une période de mauvais temps qui avait blanchi les montagnes. J'avais 16 ans, Denis devait en avoir 17... Nous avions doublé toutes les diapositives afin que chacun en conserve un exemplaire. Cela me fait drôle de penser que seulement 13 années séparaient cette photo de la fermeture de la mine et que ce cliché date maintenant de 35 ans ! Dans la laverie l'odeur des machines était restée très présente. Auteur du cliché : Denis Soleil » - Laurent Deplat

« Le même jour lors de la descente du Cabaliros : les pylônes du convoyeur aérien qui acheminait le minerai depuis le secteur d'Estaing. Ces pylônes étaient situés à 1794m d'altitude (cote carte IGN) dans le col entre la Tucoy et le Pic Arraillé. Je ne suis monté qu'une seule fois à ce secteur d'exploitation de la mine par un soir pluvieux et sans appareil photo. il y avait encore la structure métallique du système de chargement du convoyeur aérien à partir des wagonnets. Ces vestiges ont également été démolis depuis. Louis de Pazzis a retrouvé des photos de cette installation et les a mises en ligne. Auteur du cliché : Denis Soleil » - Laurent Deplat

Novembre 1992 : La laverie a été démolie deux ans auparavant mais il reste les pylônes du convoyeur aérien reliant le site à Soussu (La Galène).

Novembre 1992 : autre vue des mêmes pylônes.

« Secteur de Vieille mine. Vue des deux bâtiments qui étaient visibles depuis la route de Cauterets. On aperçoit la route tout en bas. Ces deux constructions étaient construites au bord du vide. Elles n'existent plus aujourd'hui. J'ignore si elles ont été démolies ou si elles se sont effondrées. »

Vue de l'intérieur d'un des bâtiments. On distingue une machine au fond à gauche. Peut-être un compresseur d'air...

Novembre 1992 : Les mêmes bâtiments.

1991-1992

Janvier 1991 : Le pont du chemin de fer principal après qu'il ait été tronçonné au moment de la démolition de la laverie.

Janvier 1991 : Les bâtiments tout en haut du secteur "Vieille Mine". La toiture du bâtiment le plus visible n'est pas encore effondrée.

Les mêmes constructions en Novembre 2014.

Novembre 2017

Novembre 2017 : La voie de coutres avec un ancien support de caténaire en bois.

L'arrivée du grand plan incliné. La voie était dédoublée comme dans la zone de croisement. Un véhicule se plaçait à droite en arrivant en haut et l'autre à gauche. Celui se plaçant à droite en regardant vers la vallée est celui resté stationné à la gare de départ. Il pouvait déposer un wagonnet à cette gare supérieure alors que l'autre (à gauche) ne pouvait y déposer que du personnel. On peut encore voir la structure supportant la passerelle permettant l'embarquement et le débarquement des mineurs.

La machinerie du plan incliné. les deux tambours sont solidaires du même arbre. Lorsque un tambour enroule son câble, l'autre déroule le sien.

A droite de la machine, la grande règle verticale est un dispositif qui permettait au machiniste de visualiser la position des deux véhicules à l'aide de deux curseurs entraînés par des systèmes vis-écrou. Le mécanisme représente les bennes telles que le machiniste les voit depuis son poste de conduite. Les repères matérialisant les arrêts intermédiaires ne sont presque plus visibles.

Un morceau de voie venait depuis le quai jusque sous le monorail devant la porte. Il était ainsi possible, à l'aide d'un wagonnet, d'acheminer ou d'évacuer des composants mécaniques lourds de la machinerie.

Les cartes postales anciennes de Daniel Dauchet :

Daniel Dauchet nous fait l’amitié de partager ses images anciennes des mines. Merci beaucoup !