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Le légendaire Misselin

à Arcizac-Adour

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Misselin (appelé également par la suite Missolin ou Mesclin) est un personnage qui a réellement existé (Ve siècle). Ce prêtre natif d'Arcizac-Adour, devenu saint, a son nom lié à de nombreux évènements surnaturels. Saint Misselin fut extrêmement vénéré en Bigorre, car grâce à ses interventions, la Bigorre a combattu avec succès toutes les invasions. Des processions très suivies lui rendaient honneur à Arcizac-Adour et à Tarbes (notamment le 24 mai, date anniversaire de la bataille de Lanne).

saint Misselin au combat

Sachez que saint Orens à Auch et saint Exupère à Toulouse sont vénérés pour les mêmes raisons (défense de la région contre un envahisseur). Outre les luttes victorieuses contre l'envahisseur, notamment dans la Lanne Mourine vers Juillan (actuel aéroport TLP), on doit à saint Misselin la guérison de nombreux malades venus prier sur son tombeau (Grégoire de Tours écrit dès le VIe siècle à propos de saint Justin et saint Misselin que leurs cendres ont une merveilleuse vertu : on a vu des énergumènes conduits à leur sépulcre, y pousser de grands cris et puis être guéris).

Le tombeau de saint Misselin se trouve dans l'église Saint-Jean à Tarbes (entre la rue piétonne et la rue du Maréchal Foch). Il se trouve derrière le maître-autel dans un lieu inaccessible au public.

L'église Saint-Jean à Tarbes et le maître-autel.

Le tombeau de saint Misselin (déjà signalé en 1683 par le père du Clos) est en marbre blanc de Saint Béat (VIe siècle). Nous avons eu la chance de pouvoir le prendre en photo. Dans le cadre du jubilé de l'an 2000, l'équipe d'animation de la paroisse envisageait le déplacement du sarcophage de saint Misselin afin de le rendre accessible au public. Il était prévu de l'installer sous la tribune de l'orgue. Mais l'initiative échoua...car il s'avérait absolument impossible de manoeuvrer l'imposant sarcophage entre le mur de refend de l'église et le retable de Brunelo (source : site internet de l'église Saint-Jean).

Le tombeau de saint Misselin

Pour ceux que Misselin intéresse, voici quelques extraits de livres du XIXe siècle où il est question du saint homme. quelques contradictions apparaissent entre les auteurs ou les dates, mais ce n'est pas bien grave, jugez par vous-même :


Publié en 1827 - Recherche sur les propriétés physiques, chimiques et médicales des eaux minérales de Bagnères-de-Bigorre, par Charles Ganderax :

« Après Horgues, on traverse les villages de Momères et Saint-Martin pour arriver à Arcizac. Ce village a vu naître un homme que la reconnaissance nationale a placé au rang des saints, et dont la statue équestre, en marbre, décore le péristile de l'église. Tous les ans, le 24 mai, jour de sa fête, les jeunes filles la décorent de rubans et de fleurs. Dix siècles n'ont point fait oublier le patriotisme de Mesclin. »



1829 - Statistique générale des départemens pyrénéens, par Alexandre du Mège :

« Chaque année, avant la révolution, les jeunes filles d'Arcizac, dans le département des Hautes-Pyrénées, allaient, le 24 de mai, orner de fleurs la statue équestre du prêtre Missolin, qui avait, à pareille époque, délivré le pays de la tyrannie des Sarrasins. Dispersés sur le revers septentrional des monts, ces féroces Vainqueurs apprirent que Missolin en avait rassemblé les habitans, et qu'il marchait contr'eux : ils se réunirent à Ossun, Juillan et Louey ; mais Missolin, triomphant du nombre et de l'expérience, les tailla en pièces, dans cette plaine qui porte le nom de Lande-Mourine. Néanmoins, sa statue, placée dans une niche de l'église d'Arcizac, n'était que de bois au pied des montagnes de marbre !!! elle a été brûlée en 1793. Espérons qu'on élèvera dans le même lieu un monument durable. Qui pourrait se refuser, en France, à souscrire pour éterniser la mémoire du Libérateur des Pyrénées? »



1839 - Histoire du Béarn et du pays basque, par P. Adolphe Mazure :

« On aurait vu longtemps, devant le péristyle de l'église d'Arcizac, la statue du saint guerrier Missolin, que l'on suppose avoir commandé les Béarnais dans leur victoire sur les mécréans. Chaque année, le 24 mai, une fête populaire se déployait au monument de l'antique libérateur. La pieuse image était couronnée de verdure et de fleurs ; et là, parmi les chants de joie et tous les témoignages de la vénération chrétienne, le souvenir de la sainte victoire se serait perpétué à travers les générations. Enfin, s'il faut en croire la tradition et la plupart des historiens, le nom même de Lanne-Maurine signifie Lande des Maures, et rappelle le lieu où les habitans ont exterminé ces ennemis du nom chrétien. »



1853 - Histoire des Pyrénées et des rapports internationaux de la France avec l'Espagne, par M. Cénac-Moncaut :

« Cependant tous les Ismaélites n'avaient pas rougi de leur sang les campagnes de Poitiers. De nombreux débris, échappés au fer d'Eudon et de Martel, essayaient de se soustraire à la fureur des Gallo-Romains, en se cachant dans les bois. Une de leurs bandes pénétra dans le Bigorre pour tenter de regagner l'Espagne par le col du Lavedan. C'était le seul passage praticable, car Eudon et les Aquitains les attendaient à l'est, et les Vascons à l'ouest ; les ports de l'Adour et des Gaves étaient donc les moins défendus ; mais à l'approche des Musulmans, les énergiques populations du Bigorre, ces pâtres, couverts de peaux d'ours et de moutons, à l'aspect sauvage et presque effrayant pour les fastueux soldats arabes, se réunirent en masse à la voix d'un prêtre nommé Missolin. Digne émule des évêques espagnols qui conduisaient les chrétiens au combat, portant la hache d'armes d'une main, la croix de l'autre, il exalta les Bigorrais ; les bataillons se formèrent, et il les guida contre les Musulmans qui allaient atteindre l'entrée de la vallée de Lourdes. La rencontre eut lieu près de l'ancien camp de César (Julius vicus) entre Ossun et Louey, au milieu des vastes bruyères qui séparent l'Adour et le gave. La mêlée dut être sanglante (733) ; elle fut pour le Bigorre l'écho de la victoire de Poitiers ; car les Sarrasins écrasés restèrent tous sur le champ de bataille. Aujourd'hui, le laboureur y soulève des débris d'armes, des crânes épais qui rappellent les races africaines, et le nom de Lano-Maurine donné à ce plateau retrace encore cet évènement glorieux. La postérité donna au brave Missolin un pieux témoignage de reconnaissance ; l'art, dans son enfance, sculpta sa statue équestre et la conserva dans l'église d'Arcizac, près de Bagnères-de-Bigorre, où Missolin paraît avoir exercé son ministère. Cette statue, placée dans une niche, et environnée de la vénération publique, reçut, le 24 mai de chaque année et pendant plusieurs siècles, l'hommage et les chants des montagnards. La sauvage Révolution de 93 détruisit ce monument sans pouvoir effacer son souvenir, qui vit dans toute sa puissance au milieu des populations. »



1860 - Archéologie pyrénéenne, par Alexandre du Mège :

« Missolin descendait de l'une de ces familles patriciennes qui, sous la domination des Romains, donnaient des chefs aux cités de la Novempopulanie. L'héritage de ses pères était à Arcizac, lieu peu éloigné de Tarbes, ville antique, mais qui n'a pas conservé des marques de son illustration. De toute sa noble famille, il ne restait que lui et une soeur, promise à Roger, jeune homme que le désir de la gloire attachait au Maire du Palais, à ce vaillant Charles-Martel, vrai fondateur de la seconde dynastie. Dédaignant et le monde et ses vains plaisirs, Missolin s'était de bonne heure voué au service des autels ; ses riches dons soulageaient l'infortune, son exemple inspirait l'amour des vertus. Ce fut à cette époque que les Arabes, maîtres de toute l'Espagne, se précipitèrent vers la France. Les champs de Toulouse et ceux de Poitiers furent témoins de leurs défaites, mais les débris de l'armée d'Abdérame se fortifièrent dans les Pyrénées. recevant à chaque instant des secours, ils ravageaient toutes les contrées voisines. Alors Missolin se rappela qu'il comptait des héros parmi ses ancêtres, et il résolut d'affranchir sa patrie. A sa voix les bergers de nos vallées prennent les armes ; les descendants des Bigeronnes, les Commingeois, les habitants des lieux voisins de Beneharnum se joignent à lui : une armée nationale est formée, et à sa tête, il s'avance vers les Sarrasins, qui défendent pied à pied, les positions militaires qu'offre sa contrée. Dans un combat livré vers Arcizac, il délivre sa soeur et une foule de ses compagnes qu'un chef arabe avait arrachées aux vallées voisines. Enlevées par les ennemis, elles allaient être conduites dans des harems lointains. Il les rendit à leurs familles désolées ; il atteignit ensuite les Sarrasins entre Ossun, Louey et Juillan : la plaine où l'on combattit porte le nom de Lanne Maurine. les ossements et les tombeaux que le laboureur y heurte de sa charrue sont encore les trophées de cette mémorable bataille, où le triomphe des Chrétiens fut complet. La reconnaissance en consacra le souvenir, trop longtemps négligé par l'histoire. Jadis, au mois de Mai, l'Eglise honorait la victoire du pieux Missolin, et les jeunes filles du comté de Bigorre, couronnaient de fleurs la statue du sauveur de ces régions. Aujourd'hui les chants de l'Eglise ne célèbrent plus le héros ; quant à sa statue, si vous la redemandez, la révolution vous répondra. Quelques vieilles ballades conservent seules la mémoire du pieux guerrier, semblables à ces retentissements harmonieux, à ces vibrations légères qu'excite l'airain sacré, et qui frappent encore nos oreilles, alors que les saints concerts ont cessé. »

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La Bigorre a été la région la plus tardement christianisée de Novempopulanie grâce au prêtre saint Justin venu d'Eauze entre 350 et 400 ap. J.-C. C'est le prêtre Misselin, natif d'Arcizac-Adour, qui lui succéda.

Le beau village d'Arcizac-Adour (65)

Intérieur de l’église d'Arcizac-Adour (65)

Dans le village natal de Misselin, se trouve une rue (face à l'église) qui porte son nom. Il existe deux représentations du saint dans le village. La première est le vitrail qui orne le choeur de l'église qui le représente guerroyant. La seconde consiste en un tableau qui se situe dans la salle du conseil municipal et des mariages de la mairie (merci à M. Senmartin pour ces informations).

Une représentation existait dans une niche de l'ancienne église d'Arcizac-Adour sous la forme d'une statue en bois ou en marbre de saint Misselin sur son cheval. Cette statue a été détruite pendant la Révolution en 1793. Elle ressemblait peut-être à celle de saint Calixte sur son cheval et qu'on peut encore admirer dans une magnifique église de la vallée du Louron. Sachez que saint Calixte est mort en combattant les Sarrasins contre qui il défendait les habitants du Louron et de la vallée d'Aure.

Statue en bois de saint Calixte dans l'église de Cazaux-Fréchet(65)

Le mystère de saint Misselin reste entier, car le sarcophage est vide et les reliques de saint Misselin à jamais perdues. En effet, le tombeau ouvert en 1697 par les vicaires généraux de l'évêque, fut trouvé complètement vide. L'emblème de saint Misselin situé au-dessus de son tombeau fut dérobé également il y a de nombreuses années. Seul le sarcophage semble vraiment difficile à déplacer...

L'emblème arraché de saint Misselin