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La pierre de l’église

à Escoubès-Pouts

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Le village d'Escoubès-Pouts possède une jolie petite église assez récente (fin du XIXe siècle). Comme beaucoup de villages du secteur, Escoubès dut reconstruire son église très délabrée (suite à un tremblement de terre important). L'ancienne église était située à l'endroit de l'actuel cimetière.


L'architecte de cette église est le célèbre Louis Caddau (auteur également de la Fontaine des Quatre-Vallées à Tarbes et de l'église de Labassère).

A l'intérieur, juste derrière cette porte, une pierre sculptée (inscrite aux Monuments Historiques) attire l'attention. Elle provient de l'ancienne église détruite.

1m22 x 55cm. Cette pierre est un bas-relief en pierre de Lourdes daté de 1475-1500. La partie droite manque. Ce bas-relief devait surmonter une petite porte. Nous reconnaissons de gauche à droite sainte Barbe, la crucifixion et la Vierge de Pitié.

Un texte extrait du livre "Souvenir de Bigorre" tome IX, est affiché à côté de la pierre. Ce texte est très intéressant, même si certaines interprétations peuvent se discuter (surtout en ce qui concerne les personnages représentés à gauche et à droite). Précisons qu'il date de 1889 :


« Histoire de la pierre. L'ancienne église d'Escoubès, fut détruite car elle ne présentait aucun caractère et était fortement délabrée. Dans les murs de cette église était encastrée une ancienne pierre. A-t-elle appartenu à l'église primitive d"Escoubès? Cette pierre était-elle seule, bien seule? Provient-elle d'un autre édifice religieux? Mystère.
Telle qu'elle est, sa décoration représente un réel intérêt. Elle recouvrait sans doute une croisée, comme semble l'indiquer l'accolade sur laquelle figure les personnages. Une des extrémités, celle de droite a été brisée ; cette partie devait contenir un motif faisant pendant à celui qui se trouve à gauche.
Sa constitution. La décoration accuse le style de la seconde moitié du XVème siècle, elle est sculptée, en bas-relief très plat dans une dalle de pierre de Lourdes d'une faible épaisseur. Ses dimensions en longueur et en largeur sont de 1m22 par 55 cm.
Sa symbolique. On y voit le triomphe de la Croix. Du milieu de la scène et à la pointe d'une ogive en accolade se détache le Christ crucifié : il porte encore, au XVème siècle, la décente tunique du XIIIème. A gauche et à droite sont sculptées les personnifications de l'Eglise et de la Synagogue. Des anges privés d'ailes, la Synagogue et l'Eglise dans le costume rudimentaire du Christ sur la croix, et dans une position jusqu'alors inédite, des figures mâles pour des femmes et des figures féminines pour les hommes.
Au sommet de l'accolade s'élève la croix sur laquelle est attaché le Christ, avec ceinture et couronne.
A gauche, la Synagogue, sous les traits d'une femme en robe et couronne qui porte à la main gauche le livre de la loi, et tient de la droite un glaive dont elle frappe la tête du Christ avec ceinture et couronne étendu à ses pieds. "Et vous aussi, 6 juifs, vous l'avez tué. Comment l'avez-vous tué. Avec le glaive de la langue, car vous avez aiguisé vos langues. Et quand l'avez-vous frappé, sinon en criant : crucifiez-le, crucifiez-le" (St Augustin, oeuvres complètes). A l'extrême gauche, un temple qui est l'une des caractéristiques de la Synagogue. A droite, la vierge, type de l'Eglise, en robe et en couronne, un voile pendant de la tête sur les épaules, apparemment assise, tient sur les genoux le corps de son Fils avec ceinture et couronne, lui passe le bras droit sous les aisselles et relève avec sa main gauche le bras de son Fils qu'elle applique contre son sein. Le Christ allait retrouver dans l'Eglise une vie plus glorieuse que celle que la Synagogue lui avait arrachée : "littera enim occidit, spiritus autem vivificat" signifie "la lettre tue et l'esprit vivifie".
Le bas-relief a été mutilé à droite. Sur le fragment disparu, autant pour symétrie artistique que pour anti-thèse avec le temple à gauche, le sculpteur avait probablement ciselé une basilique, qui est une caractéristique de l'Eglise, comme le temple l'est pour la Synagogue. »

L'instituteur d'Escoubès nous parle aussi de cette pierre en décrivant l'ancienne église dans sa monographie en 1887 :

« L'Eglise a été bâtie en 1660 ; mais elle ne renferme aucune curiosité. La seule chose qui attire l'attention, c'est une pierre sculptée qui se trouve dans l'épaisseur du mur de la sacristie, façade de l'Est. Personne dans la commune ne comprend ce que signifie cette pierre. J'ignore si on l'a fait voir par quelque amateur d'antiquités. Elle a près d'un mètre carré ; trois figures humaines y sont grossièrement sculptées." »

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Le village d’Escoubès et son église en 1918.