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Une promesse devant témoin à Saint-Savin

Un des villages les plus beaux et les plus intéressants à visiter est Saint-Savin, près d’Argelès-Gazost.

Nous allons nous intéresser au Christ sur la croix à l’intérieur de l’église abbatiale.

L’église, ouverte toute la journée (ce qui est rare dans notre département), est à visiter : magnifique orgue, bénitiers, tableaux, statues, musée du trésor…

On trouve le Christ en face de la chaire à prêcher, juste à côté de l’orgue. Ses yeux sont à demi-ouverts, le corps raide, les pieds contractés et la tête penchée est inclinée sur la poitrine. Cette attitude peu ordinaire du Christ sur la croix a donné naissance à une légende locale que nous allons vous raconter :

Légende : «  C’était, paraît-il à l’époque des Croisades. Un seigneur partant pour délivrer le Saint-Sépulcre, après avoir réalisé tous ses biens, confia Blanche, sa fille unique, aux bons moines de Saint-Savin. Le seigneur mourut en combattant vaillamment les infidèles et les moines adoptèrent son enfant qui devint bientôt une ravissante jeune fille. Dire les soins dont fut entourée la pupille du couvent serait bien difficile. Notons seulement qu’elle était séduisante de beauté, de grâce et de bonté. C’est elle que le prieur chargeait de distribuer les aumônes et de visiter les malades.


Or il advint qu’un jour, au cours d’une de ses visites, Blanche rencontra un jeune seigneur dont la famille occupait le château de Beaucens. Le seigneur fut tellement frappé de la beauté de la jeune fille qu’il s’arrangea pour la rencontrer souvent. L’enfant ne parla pas de ces rencontres à ses tuteurs et il arriva… ce qui arrive aux cœurs de vingt ans. L’amour vint et l’ingénue ne sut pas longtemps se défendre contre les séductions.


Les conséquences de la faute commise ne tardèrent pas à se manifester. Le monastère s’émut. Le Chapitre réuni manda la demoiselle devant lui et obtint d’elle l’aveu de ce qui s’était passé.


Les bons religieux n’hésitèrent pas à accepter la version de leur protégée dont ils connaissaient les grandes qualités et la haute vertu. Ils crurent, comme elle le leur racontait, qu’elle n’avait succombé qu’à une promesse de prochain mariage.


Ils firent comparaître le seigneur de Beaucens dans leur salle capitulaire et l’invitèrent à tenir la parole donnée et à réparer la faute commise.


Blanche était ruinée et, alors comme aujourd’hui, beaux écus plus que beaux yeux étaient entremetteurs de mariages. Le jeune homme nia. Il nia malgré les objurgations de la jeune fille ; il nia malgré ses larmes.


Les religieux ne doutaient pas qu’il ne mentit ; mais comment savoir la vérité, avoir une preuve ?


La jeune fille eut une soudaine inspiration : « La promesse, dit-elle, a été faite aux pieds du Grand Christ de l’église. Confrontez-nous devant lui et je suis sûre que la lumière se fera ! »


On se transporta immédiatement devant le Christ. Et là, Blanche adjura de nouveau le jeune seigneur de confesser la vérité. Il resta impassible. Le Chapitre était désolé, lorsque, tout à coup, en une prière ardente, sa pupille adressa au Christ une supplication extrême. Et, doucement, lentement, à la grande stupéfaction de tous, le grand Christ bougea sa tête inclinée depuis des siècles, et pour donner plus de poids à son intervention divine, il la maintint dans une nouvelle position.


Cette évidente intervention du ciel dessilla les yeux du jeune homme. Profondément troublé, il dit l’aveu de son crime, confessa sa promesse, et, sans perdre un instant, les moines ravis, procédèrent à la célébration du mariage. » - d’après G.Marès Le pays de Lourdes et les environs.

Le Christ en bois de Saint-Savin, du XIVème siècle, est comme beaucoup d’autres objets de l’église, classé aux Monuments Historiques. Comme Jacques Longué qui le décrit dans Hautes-Pyrénées, le guide  : « en se déplaçant, le visiteur a l’impression qu’il est suivi par le regard du supplicié. »

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