Une saga industrielle et familiale

(Aureilhan-Tarbes)

Cette page a été réalisée grâce aux recherches et à l’aide précieuse de Monsieur Daniel Mur que nous remercions.

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Sur le territoire de la commune d’Aureilhan, au « Bout-du-Pont » se trouve un bâtiment remarquable (que pourtant presque personne ne remarque…). Il s’agit de la maison « Noguès ». Pour la trouver, depuis la Place Marcadieu, traversez le pont de la Marne (Pont qui sépare Tarbes et Aureilhan). Elle est au bord de la voie ferrée. Toutes les photos actuelles sont de 2012-2013.

Ce qui est remarquable, ce sont les trois façades du bâtiment où sont incrustées plus d’une centaine de médailles rappelant le passé industriel de ce quartier de la ville à partir du milieu du XIXe siècle. Cette maison était le siège des usines de machines agricoles Noguès.

Sur la façade EST sont présentes deux inscriptions encore lisibles, mais qui s’effacent peu à peu. La seconde photo est un montage pour mieux lire.

Les inscriptions

L’histoire

La maison Noguès, fondée vers 1850 par Jean Noguès, fabriquait et inventait des machines agricoles. Le but de départ était de suppléer le manque de bras et améliorer les conditions de travail très difficiles. Le renom de l’établissement Noguès s’étendait dans tout le midi de la France jusqu’à l’étranger (Italie, Algérie). De nombreuses récompenses dans les concours ont été obtenues par la supériorité de leur système de batteuses. Mais leur plus grand succès fut la construction de presses et de pressoirs à vin, la région (notamment le nord du département) étant très vinicole. Le système de pressoir Noguès était de loin le meilleur sur les concurrents, grâce à un axe mobile et à cylindre, formant porte-barre, qui permettait d’exercer une pression considérable avec moins de peine pour l’ouvrier.


Si vous connaissez l’existence d’un pressoir Noguès, merci de nous envoyer une photo (loucrup@orange.fr).

Les ventes de machines agricoles connurent le succès et augmentaient même de façon importante et régulière. Les descendants Jean-Marcelin Noguès (fils) et Jean-Alexandre Noguès (petit-fils) prirent la suite de l’affaire avec bonheur.

Jean Noguès était également Conseiller Municipal de Tarbes et on peut trouver sa trace dans plusieurs délibérations aux Archives.

inscription en haut d’un pressoir.

Le bâtiment Noguès

La maison Noguès et ses nombreuses médailles (façade SUD) avec en arrière-plan les usines Oustau. Sur la façade de l'angle il y a en frontispice l'inscription « Jn NOGUES Mcien »

Le bâtiment (flèche blanche) était idéalement placé puisqu’à l’époque on trouvait un passage à niveau et la halte des chemin de fers (dite halte Séméac-Marcadieu) très fréquentée. L’entrée des ateliers devait se faire sur la façade d’angle, qui était la plus visible.

Le bâtiment que l’on voit aujourd’hui était l’atelier de fabrication. Ce dessin est intéressant car on voit que les usines continuaient sur la droite. La famille possédait beaucoup de terrains dans le secteur et l’aménagement (usines Oustau, Chanfrau) est lié aux établissements Noguès. Il y avait également un canal d’adduction d’eau destiné aux usines Noguès et dont on peut encore voir les traces aujourd’hui (voir plan en bas de la page).

Les médailles

En voici une sélection parmi la centaine présente. A noter aussi la présence du blason de Tarbes (première photo) et la médaille du mérite agricole.

Publicité

La maison Noguès savait se faire connaître, notamment par la présence d’affichage public ou de publicités dans les bulletins et journaux de l’époque.

Le magasin

Le magasin n’était pas au même endroit que les usines. On le trouvait au 15 place Marcadieu (flèches blanches sur les photos).

Le dernier descendant Noguès apte à prendre la succession est décédé en 1919 (en Prusse lors de la guerre). Les établissements Noguès ont été repris un temps par Dichary, qui était leur concurrent. La fin des machines agricoles est intervenue vers 1940, soit une histoire industrielle de près d’un siècle !

Ce plan de situation nous montre bien l’emprise des bâtiments Noguès sur l’ensemble du quartier.

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Les restes d’un vieux pressoir Noguès sont exposés à Saint-Sever-de-Rustan, devant le café en face de l’abbaye. Merci à Pierre Daguet pour l’envoi de ces photos de 2014.

Un pressoir Noguès

Daniel Mur nous montre un exemple de médaille. Ce sont des objets assez lourds, en fonte, de 30 cm de diamètre. Les médailles pouvaient être d'or, vermeil, argent, ou bronze. En général, elles étaient la récompense d’un Prix lors d’une exposition. Les médailles incrustées sur la maison Noguès portent les dates de 1860 à 1895.

Un peu de vocabulaire : On dit d'une médaille l'avers et le revers.

Avers (ou droit) : côté de la monnaie portant l'effigie ou le nom de l'émetteur. En langage populaire, le côté “ face ”. À défaut de portrait, l'avers est le côté sur lequel apparaît le nom de l'émetteur (ex. le nom du roi).

Revers : côté d'une monnaie opposé à celui portant l'effigie ou le motif principal. C’est le côté “ pile ”.


Monsieur Mur, passionné par l’histoire de son quartier et de la ville de Tarbes a réuni pendant plusieurs années toutes les archives et documents sur les usines Noguès.

Un autre pressoir Noguès

Eric Loustalet possède deux pressoirs de type Noguès encore en activité ainsi qu'un fouloir. Il a eu l’amabilité de nous fournir ces deux clichés pris lors de la préparation des vendanges (photos 2003).

Et encore un autre

Sancos Boland a récupéré un pressoir à raisin Noguès, qu’il va d'essayer de restaurer (photo 2022). Il a depuis séparé les éléments en métal pour les décaper par électrolyse. Le socle reste à refaire, ce qui s’annonce plus compliqué.