Le quartier de l’Arsenal et son histoire : La ville de Tarbes est assise au centre
d'une plaine vaste et fertile, sur la rive gauche de l'Adour qui arrête son développement
à l'orient. Longtemps, elle eut pour limite, au nord, le Jardin public créé par M.
Massey et un peu plus loin la ligne ferrée allant dans la direction de Toulouse.
Au-delà, entre l'Adour et la route nationale se dirigeant vers Vic-Bigorre, s'étendaient
de riches prairies. On n'y voyait s'élever qu'une seule construction affectée à l'Entrepôt
des tabacs. Elle forme aujourd'hui le point de départ de l'Arsenal qui s'est développé
le long de l'Adour. Pendant la guerre de 1870, le lieutenant-colonel de Reffye avait
installé dans les ateliers de M. Voruz, à Nantes, une fabrication de matériel de
l'artillerie. A la fin de janvier 1871, il reçut l'ordre de transporter matériel
et personnel dans le magasin de tabacs situé à Tarbes. L'installation eut lieu le
4 février 1871. Le nouvel établissement continua la fabrication des canons à balles
et des canons de 7 jusqu'au 12 juin. A cette date, tous les ouvriers, à l'exception
de cinq chargés de l'entretien des machines, furent licenciés. Avec ce personnel,
le lieutenant-colonel de Reffye fit terminer un canon de 5, qui fut tiré à Trouville,
devant M. Thiers, Président de la République, à la fin du mois d'août 1872. Les résultats
du tir en décidèrent l'adoption. M. de Reffye reçut la croix de Commandeur de la
Légion d'Honneur. L'atelier de Tarbes fut reconstitué et prit, le 28 août 1872, son
nom actuel d'Atelier de Construction. Il offrait l'avantage d'être à proximité de
la Gare et de posséder déjà une voie ferrée. Après la fin de la guerre, la situation
de Tarbes, non loin des Pyrénées, fut jugée très favorable pour y installer d'importants
ateliers de fabrication permanente. Tous les dangers où du moins toutes les appréhensions
étant du côté de la frontière de l'Est, on considéra la Bigorre comme particulièrement
à l'abri de toute surprise. La facilité d'établir un vaste polygone d'expérience
sur la colline et le plateau de Ger contribua, pour sa part, à décider ce choix.
L'Etat fit l'acquisition de tous les terrains compris entre la route de Vic, le chemin
rural de l'Adoureau, la poudrière de la ville et le cours de l'Adour. Le colonel
de Reffye fut le fondateur de l'Arsenal et il en demeura le directeur pendant plusieurs
années. Il fut nommé général en 1878. C'est lui qui fit construire les premiers ateliers
de la meilleure partie des bâtiments. Plus tard fut ajouté le Parc d'artillerie destiné
à recevoir le dépôt du matériel de guerre en état de service. En même temps fut créé,
au nord, le boulevard de l'Arsenal, conduisant de l'Adour à la route nationale. Un
large fossé, bordant cette route, rendait la circulation extrêmement incommode. Il
fut recouvert, en 1883, d'un trottoir qui favorisa le mouvement. Cependant, vers
la même époque, les travaux avaient sensiblement diminué. La concurrence de l'Atelier
de Bourges faisait restreindre le nombre des commandes. Le matériel de guerre était
reconstitué. Il fut parfois question de supprimer l'Arsenal de Tarbes, alors qu'il
était devenu pour la ville et les environs une source importante de richesse. Il
avait augmenté la population et par suite le débouché de tous les produits. Le colonel
Bajau, après avoir été précédemment sous-directeur, fut nommé directeur de l'Atelier
de Construction en 1887. Il prit à cœur d'en assurer l'avenir pour le bien du pays.
A force d'instances et de démarches, il obtint l'agrandissement de la cartoucherie
et la fondation de la capsulerie. Comme ces munitions sont d'un emploi continuel,
même en temps de paix, elles ont nécessité le travail permanent d'un nombreux personnel.
A partir de ce moment, l'Arsenal se développa dans de grandes proportions. Dès le
début, le colonel de Reffye avait attiré un certain nombre de contremaîtres et d'ouvriers
de Paris, du Havre et de Nantes. Bientôt arrivèrent soixante familles d'Alsaciens
ayant opté pour la France. N'est-ce pas en leur honneur que la route de Vic a reçu
le nom de rue Alsace-Lorraine ? Les bâtiments et les travaux commandés s'accrurent
d'une année à l'autre. Dans la même proportion augmenta la population ouvrière attirée
par la régularité et le prix élevé des salaires. Les familles eurent naturellement
le désir de se fixer non loin du chantier de travail. Grâce, à des économies bientôt
réalisées, des maisons de plus en plus nombreuses furent construites dans les terrains
cultivés qui se prolongeaient vers le nord. Un négociant, M. Deffès, en acheta une
grande étendue dans le but de les revendre. Il y traça des rues larges et droites
qu'il donna gracieusement à la ville. Ainsi s'est formé rapidement un beau quartier,
composé de maisons nouvelles aux lignes élégantes et aux couleurs gaies et variées.
Elles sont entourées de petits jardins, bien cultivés, où les fruits et les fleurs
s'entremêlent à la verdure et au feuillage des arbres. La population s'éleva, en
peu d'années, à plusieurs centaines d'habitants. Elle s'accroît d'une manière constante
et le quartier, en se développant, s'embellit de plus en plus.
Voici l’histoire intéressante d’une chapelle située rue Alsace-Lorraine, devant laquelle
on passe souvent en voiture. Merci à Daniel Mur pour cette nouvelle page (textes,
photos et documents). La chapelle St-Antoine est liée à l’histoire du quartier de
l’ancien arsenal (rue des Forges) :
Une chapelle où nos enfants seraient réunis et catéchisés à la sortie des classes,
et où le service divin serait régulièrement célébré, remédierai à celle pénible situation.
Ce désir de posséder une chapelle, nous le nourrissions depuis longtemps, mais l'impossibilité
où nous sommes de supporter seuls les frais de celle dispendieuse entreprise, nous
empêchait de l'exprimer. Votre généreuse initiative, Monsieur le curé, si chaleureusement
secondée par Monseigneur l'Evêque. et l'intérêt que vous ne dédaignez, pas de porter
à la classe ouvrière dissipent nos hésitations et nous engagent à parler. Devant
vous notre cause est gagnée d'avance: nous espérons que vous la plaiderez avec succès
devant l'opinion et que vous obtiendrez le concours de tous. Pour notre part, nous
ne reculerons devant aucun sacrifice. Nous demandons à nous inscrire les premiers
sur la liste de souscription. »
Suivent les signatures : Cette pétition, disait La Croix des Hautes-Pyrénées, a été
revêtue des signatures de presque tous les chefs de famille qui habitent le quartier
de l'Arsenal et de celles des propriétaires qui ont des fermes dans la direction
de Bazet. « L'appel touchant des intéressés que nous communiquons au public ne peut
manquer d'émouvoir l'opinion et de disposer tous les cœurs à bien accueillir la souscription
qui sera ouverte, nous l'espérons, après Je temps des vacances. En attendant, les
dons peuvent être adressés à .M. l'abbé Duffau, curé-doyen de Saint-Jean, ou à M.
l'abbé Henri Fontan, Missionnaire du Travail. Une somme importante a déjà été reçue.
Il faut y joindre la promesse de donner à la future chapelle le maître-autel et divers
ornements. Saint-Antoine-de-Padoue qui opère tant de merveilles et provoque tant
de générosités, assurera le succès de cette œuvre placée sous son patronage et si
nécessaire pour le Lien d'un grand nombre de familles d'ouvriers. »
Choix de l'emplacement de la chapelle :
Depuis cette pétition, plusieurs mois se succédèrent dans le silence, mais non pas
dans l'inaction. Dans cet intervalle, des démarches furent faites pour résoudre la
question si importante et si difficile du choix de l'emplacement. Plusieurs furent
offerts et examinés. Mais aucun ne pouvait entrer en parallèle avec celui qui avait
tout d'abord fixé notre attention. « Voilà l’emplacement idéal ! » avions-nous dit.
Situé à la jonction de la route de Vic et du boulevard de l'Arsenal, il avait le
multiple avantage de former le centre du quartier, d'être placé sur les deux plus
larges rues, d'être isolé par elles de tout voisinage et d'offrir un accès facile.
Les pourparlers soulevèrent bien quelques difficultés. Le propriétaire, M. Vidalle,
employé à l'octroi, demandait un prix élevé et il n'avait qu'une médiocre confiance
dans le résultat problématique de la souscription en projet. Une heureuse influence,
celle de Mlle la Chanoinesse Anlonie de Boilleau, intervint auprès de la famille
Vidalle et la promesse de vente fut signée le 31 janvier 1896. Vers la même date,
M. Daraux, ancien conducteur des pont-et-chaussées et membre de la Conférence de
Saint-Vincent de Paul, fut choisi pour être l'architecte de la future construction.
Il se mit à l'œuvre sans retard et prépara les plans et les devis. La première pierre
fut posée le 31 Mai 1896 et la première messe fut célébrée le 1er Novembre 1896.
La chapelle Saint-Antoine et son histoire : Tout commence par une pétition :
« Monsieur le Curé,
Nous sommes paroissiens de Saint-Jean et nous n'avons pas, en ce moment surtout,
à le regretter. Par malheur, l’éloignement de 1 église nous rend très difficile l'éducation
chrétienne de nos enfants, l'assistance à la messe et la pratique de nos devoirs
religieux. Depuis plusieurs années, par les soins de la municipalité, une école de
jeunes filles a été ouverte parmi nous et elle compte, à l'heure actuelle, plus de
cent élèves. Ce chiffre dit assez l'importance numérique de la population groupée
au nord de la voie ferrée. Quant à la condition sociale, nous le disons avec fierté,
nous sommes pour la plupart des ouvriers gagnant laborieusement notre pain et le
pain de nos enfants à la sueur de notre front. Au point de vue religieux, nous sommes
particulièrement déshérités. Pour permettre à nos filles d'assister au catéchisme,
nous devons nous en séparer pendant des heures entières et nous résigner à leur laisser
parcourir, matin et soir, seules et sans surveillance, tout le long d'un jardin publie,
la distance considérable qui nous sépare de la paroisse.
La statue de la Vierge
En 1907 on installa sur le parvis à l'entrée à gauche la statue de la Vierge qui
se trouvait sur le faîte de la chapelle des Pères de la Grotte Cours Gambetta.