La statue gallo-romaine

de Lézignan

Cette statue sans tête, trouvée à Lézignan, est propriété du Musée Massey à Tarbes. La tradition indique qu'elle représente Licinianus, qui a donné son nom à Lézignan. Elle est mentionnée dans le Bulletin de la Société Académique des H-P, 1857, p.324. Il n'y avait pas de tête mais grâce à un astucieux système dans le cou, on insérait une tête. Elle n'a donc pas été décapitée ou mutilée comme on peut le supposer de prime abord. Elle aussi est certainement liée à la voie romaine Toulouse-Dax, passant par Loucrup, Layrisse, Barry, Miramont, Julos et à la fréquentation romaine de Lourdes et de ses environs (Anclades, Lézignan, Sarsan,...). Les noms de lieux se terminant par AN (Sarsan, Lézignan, Aureilhan, Lugagnan...) viennent du suffixe latin ANUM. Les noms de lieux en AC (Pouzac, Paréac, Séméac, Bourréac...) viennent du suffixe latin ACUM.

Le Bulletin de la Société Académique des H-P, 1857.

Elle est citée dans l'ouvrage qui fait référence sur l'histoire des Hautes-Pyrénées Bigorre et quatre vallées :

« C'est en 1846 qu'un certain Pruède a trouvé dans son champ, sur le coteau qui domine le village de Lézignan, cette grande statue haute de 1,60m, avec d'autres vestiges aujourd'hui perdus. La découverte de ce marbre qui ornait certainement une villa paraît conforter les hypothèses de la toponymie qui voit dans le nom de Lézignan le résultat gascon du latin fundus Licinianus "domaine rural de Licinius" : à l'égal de la vallée de l'Adour, la région de Lourdes a donc connu cette nouvelle forme d'exploitation rurale que représente la villa et les mutations sociales qu'elle suppose. »

détail

Un texte du livre Hautes-Pyrénées - carte archéologique de la Gaule lui est également consacré : « Au quartier sarsan, en 1846, on a trouvé sur un coteau attenant à la commune de Lézignan près de Lourdes et dans un champ appartenant au sieur Pruède, une statue sur son piédestal en marbre, derrière apparaissent des fragments d'une épaisse muraille. Des briques, des pavés de marbre jonchent le sol. Cette statue funéraire monumentale, privée de sa tête (haut. 1,55m), en marbre blanc, est attribuée au Ier siècle ap J.-C. Suite à cette découverte fut mis au jour un bloc rectangulaire en calcaire (0,81 x 0,42m) représentant un Attis funéraire en costume phygien, la main gauche levée, la main droite ramenée devant le corps. D'autre part, aux alentours des années 1700, la découverte d'un marbre sur lequel étaient inscrites les lettres ARRAIO, avait précédé ces trouvailles : il pourrait s'agir d'un autel votif. Si plusieurs interprétations des vestiges ont été proposées, l'existence d'un tombeau monumental paraît plus vraisemblable que celle d'un temple. Non loin de l'emplacement où fut faite la découverte de la statue gallo-romaine, une pierre dressée (haut. 1,60m) a été trouvée au milieu d'un pré ; une deuxième pierre dressée existe dans ce même secteur. »

Une tête funéraire est exposée au Musée pyrénéen de Lourdes (château). Regardez bien le cou sur la vieille photographie de gauche, c'est cette prolongation du cou qui permettait d'emmancher la tête dans un corps de statue de série. C'est également ce système qui a été choisi pour exposer la tête au musée (photo de droite). Dans notre département, on n'a retrouvé qu'une seule statue funéraire (celle de Lézignan). La tête du Musée de Lourdes date de la même époque. Il aurait été intéressant d’associer les deux trouvailles dans le même musée.

Voici la photo du bas-relief qui a été retrouvé avec le corps de la statue funéraire (Musée Massey à Tarbes). Il s'agit d'un bloc rectangulaire en calcaire de 0,81 sur 0,42 m. représentant un Attis funéraire en costume phrygien, la main gauche levée, la main droite ramenée devant le corps. Dans le journal L'Echo des vallées du 4 juin 1846, on peut lire : « Il y a quelques jours, un paysan de Lézignan, remuant la terre d'un champ qu'il possède au sommet d'une montagne près de Lourdes, vit briller sous la bêche, une énorme pierre. Quelle fut sa surprise de découvrir une grande statue de marbre blanc ! ». Le même journal annonce le 9 juillet la découverte de Attis et fait état de la découverte plus ancienne d'un autre marbre portant le nom de ARRAIO. Le propriétaire de la statue amena celle-ci à Bagnères pour la montrer aux curistes moyennant rétribution « à la générosité du public » .

On pense donc que sur la colline dominant Lézignan se trouvait un tombeau monumental (sans doute delui de Licinianus) dédié à des divinités orientales Attis et Mithra (symbolisant la résurrection). C'est un peu le même principe que pour les tombes égyptiennes (immortalité, éternité).

Beaucoup d'interrogations sur ces découvertes demeurent, à commencer par le lieu précis de la découverte des statues sur le territoire de Lézignan. Tout le monde semble ignorer cet emplacement, et plus aucun indice n'est visible. Il faudrait connaître l'emplacement des terres qui appartenaient à l'agriculteur qui a trouvé ces statues en 1846. Bref, c'est un peu le brouillard… On sait juste qu’une pierre dressée de 1m60 de hauteur, au milieu d’un pré, se trouvait à proximité de l’emplacement de la découverte de la statue gallo-romaine (source : Préhistoire des Hautes-Pyrénées de Jacques Omnès), mais cette pierre est introuvable.

Voir aussi nos photos anciennes de Lézignan.

Une seule pierre dressée artificiellement (menhir) est visible à la limite nord de la commune de Lézignan avec Julos. Elle est citée par quelques ouvrages spécialisés. Elle mesure 1m95 de hauteur. Pour la trouver, passer devant l’église de Bourréac et continuer sur 1 km environ jusqu’à cette stabu.

La Peyre Hicade

Accueil. Revenir à la page "Lieux et légendes en Bigorre". Revenir à la page "Lieux et légendes en Bigorre".

Précisions (2017) de Jean Omnès

Jean Omnès, animateur du site patrimonial Lourdes-Gavarnie a eu l’amabilité de nous envoyer ces précisions et ces deux photos datées du 24 juillet 2017 :

« DEUX  ANS D’ATTENTE, ENFIN NOUS AVONS PU VISITER LES RESERVES DU MUSEE MASSEY.

Grâce à l’intervention de Monsieur Trémège, maire de Tarbes et de l’adjoint Denis Crampe, nous avons enfin pu avoir accès  aux réserves du musée Massey sous la direction de sa conservatrice Madame Zapatta. Ces réserves se trouvent dans l’ancien bâtiment de l’arsenal de Tarbes, entièrement restauré et mis aux normes, non seulement pour la  sécurité, la conservation  des objets  (hygrométrie, lumière, température) mais aussi les risques sismiques.

Ce sont près de 27 000 pièces que doit gérer l’administration du musée,  ainsi que 3 500 pièces en dépôt à travers le monde. Le recollement que la loi oblige d’être réalisé tous les 10 ans, vient d’être terminé fin 2015, avec la numérisation de chaque objet.

C’est donc dans ce temple de nos richesses patrimoniales que nous avons pu enfin admirer,  avec plusieurs maires de villages bigourdans, les fameuses deux sculptures trouvées au XIXe siècle à Lézignan : Licinianus et le bas- relief de la divinité Attis.

Il faut reconnaître que nous avons été un peu déçu par la qualité du marbre, souvent présenté comme du marbre blanc  (‘bulletin de l’Académie des H-P de 1857)  et comme le laissait paraître, les photos officielles, alors qu’il s’agit d’un marbre local gris, au grain grossier. Par ailleurs, nous avions pensé que le personnage  était plus svelte. Comme quoi il est important de voir de près les œuvres décrites il y a plus d’un siècle et demi sans  grande rigueur scientifique.


LICINIANUS

C’est le plus bel exemple de l’art romain dans notre région. Cette statue de marbre gris local découverte à Lézignan au XIXe siècle, représente le supposé fondateur de la villa qui a donné le nom au village qui a suivi : Licinianus. Cette statue se trouve dans les réserves du musée Massey de Tarbes, depuis la transformation de ce dernier en musée exclusif des hussards. La tête qui était réalisée à part pour être fixée sur le corps par une tige de fer n’a pas été  retrouvée.

Sa fiche technique :

"sculpture funéraire en ronde bosse, type togatus en référence à  la toge, en pierre des Pyrénées, référencée dans les réserves du musée Massey  861.3.1. De 1610 mm, l’emplacement du cou a été évidé (mortaisé) pour recevoir une tête-portrait (à cou tenonné) qui correspondait à la demande  du client. De 1610 mm, et réalisée entre le premier et le troisième siècle, c’est un don de la société Académique des Hautes Pyrénées  en 1861, qui la reçue de la famille Mouret de Lézignan. Elle a été découverte soit sur la commune de Lézignan au lieu-dit  Sendac,  soit sur la commune de Lourdes, quartier Sarsan sur la propriété Pruède.


On peut lire dans Bigorre et quatre vallées :

« C'est en 1846, qu'un certain Pruède a trouvé dans son champ, sur le coteau qui domine le village de Lézignan, cette grande statue haute de 1,60m, avec d'autres vestiges aujourd'hui perdus. La découverte de ce marbre qui ornait certainement une villa paraît conforter les hypothèses de la toponymie qui voit dans le nom de Lézignan le résultat gascon du latin fundus Licinianus "domaine rural de Licinius" : à l'égal de la vallée de l'Adour, la région de Lourdes a donc connu cette nouvelle forme d'exploitation rurale que représentent la villa et les mutations sociales qu'elle suppose. »

Dans la carte archéologique de la Gaule d’Agnès Lussault, on peut lire : «  Au quartier Sarsan, en 1846, on a trouvé sur un coteau attenant à la commune de Lézignan près de Lourdes et dans un champ appartenant au sieur Pruède, une statue sur son piédestal en marbre, derrière apparaissent des fragments d'une épaisse muraille. Des briques, des pavés de marbre jonchent le sol. Cette statue funéraire monumentale, privée de sa tête (haut. 1,55m), en marbre blanc, est attribuée au Ier siècle ap J.-C. »


On peut préciser qu’il ne s’agit pas  de marbre blanc, inconnu dans le pays, mais de marbre gris ;  la statue sans sa tête mesure 1610 mm. Et parmi les « pavés » se trouvait un bas- relief représentant la divinité Attis. En 1700, avait été extrait dans le secteur un autel votif avec la mention ARRAIO. Disparu depuis.


Toutes ces trouvailles se situaient d’après Jacques Omnès, près d’une pierre levée de 1, 60 m et d’après S. Cahuzacq  il y avait également une seconde pierre levée en 1983.


ATTIS

Texte de la carte archéologique de la Gaule :

« Suite à cette découverte [celle de la statue de marbre] fut mis au jour un bloc rectangulaire en calcaire (0,81 x 0,42m) représentant un Attis funéraire en costume phrygien, la main gauche levée, la main droite ramenée devant le corps. […] Si plusieurs interprétations des vestiges ont été proposées, l'existence d'un tombeau monumental paraît plus vraisemblable que celle d'un temple.


Sa fiche technique

Ce bas-relief,  bloc rectangulaire de calcaire de 0,81 sur 0,42 m et de 0, 18 m d’épaisseur est référencé dans les réserves du musée Massey sous le numéro 883.56.1. Il a été  offert au musée par l’Académie des Hautes-Pyrénées en 1883 qui l’a reçu de la famille Mouret de Lézignan. Pierre funéraire du second au quatrième siècle, ce bas-relief représente Attis, divinité orientale symbolisant la résurrection. Elle est  ici en costume phrygien, avec la main gauche levée et la main droite ramenée devant le corps. Le côté droit du personnage est très endommagé.


Licinianus

Attis

Précisions (2019) de Roland Darré

« A propos de la statue gallo romaine dite de Lézignan, une correction à apporter. La consultation de la matrice cadastrale de Lézignan déposée aux Archives départementales de Tarbes montre que le  « sieur Pruède », propriétaire du champ où fut trouvée la statue, était détenteur d'une seule parcelle au lieu dit Sendat, numérotée A 20 sur le plan cadastral dit de 1809 de Lézignan. Cette parcelle appartient à M. Michel Lannes, agriculteur  de Lézignan que j'ai interrogé à ce sujet. Il m'a confirmé que son grand-père, Dominique Miqueu lui avait montré son emplacement exact qu'il m'a fait voir à son tour. Situé sur une zone pentue, dominant Sarsan, il est aujourd'hui planté d'arbres ».