Le Temple maçonnique à Tarbes
Cette page a été réalisée avec l’aide de Daniel Mur que nous remercions.
Entre les rues Massey et Bertrand-Barrère, au 7 rue Léon-Dalloz se trouve le Temple
des francs-maçons de Tarbes.
De la rue, pas grand chose ne signale sa présence, à part ces symboles de la franc-maçonnerie
au-dessus des fenêtres : le compas et l’équerre.
1889 : pose de la première pierre
Si la première Loge de Tarbes « Propagation de la vraie lumière » a été créée en
1862, il faut attendre 1889 pour voir s’établir le Temple. C’est le célèbre Georges
Dazet, avocat, homme politique et ami de Lautréamont qui offre au Grand Orient le
terrain nécessaire à la construction du temple
Georges Dazet (1852-1920) était un avocat très doué, considéré comme le prince du
prétoire. Son ami Lautréamont le décrit en adolescent éblouissant dans son chant
premier de Maldoror. Puis ils se sont brouillés. Conseiller municipal de Tarbes de
1883 à 1888, c’est à lui qu’on doit les noms des rues du cours Gambetta et de l’avenue
Bertrand-Barrère. Il participera à différents cabinets ministériels (notamment celui
de Jules Guesde). Mêlé à différentes affaires, il est ruiné et abandonné de ses amis.
Il meurt à Tarbes où seulement six personnes assistent à son enterrement.
Gaston Dreyt (1857-1919). Egalement avocat au barreau de Tarbes, il sera aussi député
des Hautes-Pyrénées de 1906 à 1919. Son arrière grand-père, Figarol, a donné son
nom à un quartier de Tarbes. Une rue de Tarbes porte le nom de Gaston Dreyt.
Ils étaient tous deux francs-maçons bien sûr, comme l’ensemble des personnes présentes
sur la photo.
En 2014, le Temple a ouvert ses portes au public et à la presse pour les journées
du Patrimoine. Cela suscita la curiosité de nombreux Tarbais. En effet, pas mal de
mystères sont associés à la franc-maçonnerie : non divulgation de la liste des membres,
rites initiatiques, codes et symboles particuliers, etc…
L’histoire du Temple est mouvementée. Il a en effet été plusieurs fois confisqué.
De 1915 à 1920, il servit d’entrepôt aux armées. Puis il servit de salle de sport
pour l'école Jeanne-d'Arc, de bureau d'aide sociale et enfin de service pour les
Domaines. Il n'est restitué à la loge que le 26 février 1946. Le Temple n’est pas
orienté par hasard, mais suit une symbolique solaire et de lumière : porte d’entrée
à l’ouest et tribune présidentielle à l’est.
On utilise un vocabulaire et des symboles spécifiques dans la franc-maçonnerie :
loge, obédience, frères et sœurs, apprentis, compagnons, maîtres, etc… C’est un espace
de sociabilité assez complexe avec un codage très précis où on défend les valeurs
de vérité, morale, solidarité, fraternité, laïcité… Bref, les valeurs de la République.
Voici la tribune présidentielle où siège le Vénérable-Maître. On y trouve Marianne
et les devise Liberté, Egalité Fraternité. La fresque a été réalisée en 1948 par
M. Junquet.
Devises inscrites sur les murs.
Aux murs se trouvent représentés de nombreux outils (équerre, compas, maillet, truelle…).
La franc-maçonnerie trouve son origine au temps des Compagnons constructeurs (maçons,
charpentiers). La symbolique des outils est que les francs-maçons ont aujourd’hui
comme objectif de travailler à la construction d’un monde meilleur.
La voûte étoilée au plafond signifie que la franc-maçonnerie se veut ouverte sur
le monde, l’humanité, l’univers. Au niveau de la religion, il y a un grand esprit
de tolérance mais une bonne partie des francs-maçons croient en un Etre Suprême (ou
Grand Architecte).
Le pavé mosaïque au sol est une figuration de l’humanité. Chaque homme n’est pas
entièrement bon ou mauvais (blanc ou noir) mais il y a un peu de chaque dans l’être
humain et dans ses idées.
Tout le monde peut théoriquement devenir franc-maçon. Mais la règle principale du
recrutement est le parrainage. En 2014, on comptait plus de 200 frères et sœurs francs-maçons.
Sur les murs latéraux, sont écrites les appellations septentrion, c'est-à-dire le
nord et midi, le sud. L’utilité d’un Temple est double. En premier lieu, c’est de
trouver un cadre esthétique et inspirant afin de donner les conditions d’une réflexion
approfondie. En deuxième lieu, c’est de se trouver dans un lieu paisible, à l’abri
des bruits et agitations du monde moderne.