Une tragique noyade à Cauterets

Le monument Pattison

Le lac de Gaube (1725 m. D’altitude) est un des lieux les plus visités des Pyrénées. Situé sur la commune de Cauterets, il est accessible depuis le site du Pont d’Espagne.

C’était un des endroits préférés de l’époque romantique (XIXe siècle). Il est représenté sur de nombreuses peintures et autres lithographies. Victor Hugo, Baudelaire, Flaubert et George Sand ont écrit sur lui. De nombreux Anglais venaient le découvrir lors de leur « Voyage aux Pyrénées ». Dès 1832, un petit monument installé sur les rochers rappelait le souvenir tragique de la noyade d’un couple d’Anglais : Les Pattison.

En effet, les Pattison qui venaient de se marier (le 22 août) empruntèrent une barque le 20 septembre 1832. Malheureusement, l’embarcation chavira, emportant dans les flots le jeune couple. Cette tragique noyade alimenta l’imagination des écrivains, des journalistes et des poètes français et anglais.

Les deux jeunes gens furent enterrés chez eux en Angleterre mais la famille fit dresser un petit monument au bord du lac. Une épithaphe était gravée sur la pierre (un côté en Français, l’autre en Anglais).

On pouvait lire :

« A LA MÉMOIRE

de WILLIAM HENRY PATTISON

écuyer,

avocat de Lincoln’s Inn, à Londres

et de

SARAH FRANCES

son épouse.

Agés l’un de 31 ans, et l’autre de 26 ans, mariés depuis un mois seulement. Un accident affreux les enleva à leurs parents et à leurs amis inconsolables, ils furent engloutis dans ce lac le 20 septembre 1832. Leurs restes transportés en Angleterre reposent à Witham, dans le comté d’Essex. »

De nos jours, plus rien ne rappelle la trace du monument Pattison, dont l’emplacement est indiqué par une croix.

Victor Hugo visita le monument en 1843 et écrivit : « Eau glaciale - Qui y tombe y meurt. Depuis quatre-vingt-dix ans que le vieux pêcheur était là, il n'avait vu personne assez hardi pour s'y baigner. Il en coûte trois sous par personne pour entrer dans l'enclos du tombeau. J'y ai cueilli deux cinéraires dans le granit en surplomb sur le lac. - J'ai glissé et failli tomber dans l'eau. Cela eut fait une deuxième tombe. On eût pris six sous... »

Le mystère reste entier sur les circonstances exactes de l’accident. Tout a été écrit (et son contraire) sur cette tragédie : accident, crime, suicide… La version la plus crédible nous est donnée par L’Ecossais J-E Murray en 1835 dans Un été dans les Pyrénées :

« C’est dans ce lac solitaire, dominé par les étendues désolées du grand Vignemale, dont les glaciers et les cônes imposants se dressent dans toute leur majesté au sud du lac, qu’un Anglais et son épouse, qui n’étaient mariés que depuis peu, se noyèrent. Il y a sur le lac une petite barque qui appartient au pêcheur qui occupe la cabane qui se trouve sur la rive, et dont le gagne-pain consiste à pêcher des truites qui abondent dans le lac et les vendre aux hôteliers de Cauterets. Le malheureux couple décida de faire le tour du lac avec ce bateau qui ne pouvait contenir que deux personnes. La jeune femme monta la première et son époux, le poussant depuis la rive essaya de sauter dans le bateau. Il n’y parvint pas, celui-ci s’était trop éloigné, et il plongea dans l’eau. La jeune femme, en essayant de saisir son mari qui se noyait, perdit l’équilibre et fut précipitée dans le lac, et tous deux disparurent aussitôt dans les sombres profondeurs. »

Ce monument fut détruit par les troupes d’occupation le jour du débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944.

Un journal « Le Mémorial des Pyrénées » publia en 1841 un feuilleton tiré de cette histoire, avec moultes détails, alternant vérités et inventions. Nous y apprenons que la jeune Sarah ne se trouvait pas dans un état irréprochable puis qu’elle était enceinte du jeune fils d’un lord, que son père avait envoyé aux Indes pour le faire renoncer à cette union. L’épouse avait tout avoué à William Pattison lors du voyage de noces en implorant son pardon, mais l’époux avait décidé qu’ils disparaîtraient tous les deux. Beaucoup d’auteurs ont depuis repris cette version en l’enjolivant, en la transformant, en rajoutant d’autres détails. Si bien, qu’on ne sait pas très bien ce qui s’est passé réellement. Cette histoire passionnelle eut cependant l’avantage de faire venir de nombreux touristes anglais et français au lac de Gaube et dans la région.

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