Le viaduc de Lanespède
Parmi les ouvrages architecturaux monumentaux (peu nombreux) de notre département, il y a le viaduc de Lanespède près de Tournay. Nous allons vous raconter son histoire.
C’est un ouvrage d’art conçu pour faire circuler le train entre Tarbes et Lannemezan. Depuis l’achèvement du viaduc en 1867, son environnement a beaucoup changé. C’est en 1982 que l’autoroute A64 a été construite sous le viaduc.
Une photographie exceptionnelle des travaux de construction existe à la BNF. Elle
est l’œuvre du photographe Farnahm Maxwell-
Les études préliminaires furent terminées en 1863, puis il fallut procéder à l’acquisition des terrains (sur les territoires de Lanespède, Bégole et Péré). L’expropriation par voie judiciaire a dû être employée. Le viaduc fut commencé le 8 mai 1865 et terminé le 1er avril 1867. Le premier train ne passa sur le viaduc qu’en 1869 ; il transportait l’Empereur qui se rendait au camp de Lannemezan.
Détail de la photo de Maxwell-
De nombreux renseignements sur l’histoire du viaduc nous proviennent des cahiers
de Jean-
Les briques étaient fabriquées sur place et dans les environs (notamment à Orignac) avec l’argile dont le sol est largement pourvu.
Le viaduc est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1984.
Un ruisseau coulant sous le viaduc se dissimule aux yeux des automobilistes. C’est la Lène. Même si le ruisseau est quelquefois à sec en été, il était suffisant important pour faire fonctionner quelques moulins autrefois.
Vue aérienne vers 1960.
Le village de Lanespède au premier plan, avec, au fond à gauche, le viaduc, vers 1960 également.
Pendant les travaux de 1865 à 1867, le petit village de Lanespède fut envahi par une armée de travailleurs et leurs familles. Tous les habitants furent réquisitionnés, soit pour donner un logement, soit pour donner des vivres. Tout était occupé : les caves, les greniers, les fournils. Le recensement de 1866 signale plus de 500 personnes étrangères à la commune. Evidemment, cet accroissement de population ne fut pas sans quelques désagréments : le vin et autres boissons produisaient leurs effets sur une partie des travailleurs. Le Maire de l’époque, Monsieur Marmouget, était là pour rétablir l’autorité et ses compétences furent unanimement reconnues. Il n’y eut aucun accident majeur pendant les travaux, c’est assez rare pour être signalé. Pour remercier les habitants de Lanespède et d’Ozon, une petite gare fut installée à la « Laquette ». Et si tous se réjouissaient des commodités du chemin de fer pour se rendre aux marchés de Tarbes ou de Lannemezan, certains déploraient le bruit des locomotives et les prélèvements importants d’eau sur l’Arros pour faire fonctionner les machines à vapeur.
A noter sur la même ligne de chemin de fer, à quelques kilomètres, un autre viaduc plus modeste, mais néanmoins impressionnant. Il n’est pas connu du tout et est un peu perdu au milieu des bois du côté de la commune de Lhez.
Le viaduc de Laslades.
Le viaduc mesure 200 mètres de long pour une hauteur de 35 mètres. On compte 20 arches. Un entrepreneur qui a conduit des travaux importants sur la même ligne traitait le viaduc de « vieille coquette qui montre ses cheveux blancs » à cause des taches que la chaux a laissées en s’étirant sur la brique.
André Imbert nous précise dans son excellent « Richesses naturelles des Pyrénées », page 41, que 11000 m3 de briques marquées « Mine d’Orignac » furent amenés dans des chariots tirés par des bœufs.
En 2012, le viaduc de Lanespède a servi de décor à une scène du film « La Grande
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