Ces deux communes, Cieutat (chapelle de Roumé) et Lannemezan avaient la particularité
de ne pas accueillir les cagots dans l'église, mais possédaient une ouverture (appelée
guichet) leur permettant d'assister aux offices. M. Cénac-Moncaut en donne une description
en 1856 :
"Indépendamment de cette circonstance, la forte grille de fer immobile,
qui ferme celle de Cieutat, la claire-voie de chêne qui défend celle de Lannemezan,
indiquent évidemment que cette ouverture ne servit jamais à pénétrer dans la nef,
mais qu'elle ménageait aux assistants, restés en dehors, le moyen de voir le prêtre
et de prendre part aux offices. Un petit bénitier placé intérieurement, assez près
de la grille pour qu'on puisse prendre de l'eau à travers les barreaux, achève de
prouver la destination de cette ouverture. Quelle fut la race à moitié maudite que
l'Eglise admettait à prendre part au saint sacrifice ; mais que les chrétiens ne
voulaient pas recevoir parmi eux ? Il ne peut évidemment être question que des cagots
chrétiens, repoussés de la communauté des autres hommes. Les nombreux historiens
qui se sont occupés de cette race méprisée n'ont pas manqué de dire que ses membres
n'entraient dans les églises que par une porte particulière ; nous avons vu nous-mêmes
bon nombre d'ouvertures que l'on prétend avoir servi à l'usage exclusif des cagots
; toutes celles qu'on nous a fait remarquer sont placées sur un des côtés de la nef,
ce qui indiquerait, si elles étaient authentiques, que ces hommes abjects étaient
reçus dans l'église et se coudoyaient plus ou moins au reste des fidèles. A Lannemezan
et à Cieutat, au contraire, la séparation était complète, et nous sommes convaincus
que ces guichets à cagots ont un caractère de certitude que les autres portes latérales
ne présentent pas. Il résulterait de ces faits que les cagots ne pénétraient pas
dans la nef elle-même ; mais qu'ils assistaient aux offices à l'extérieur, à travers
les grilles dont nous venons de nous occuper ; nous pouvons même ajouter que cet
état de choses conservait toute sa force au 17ème siècle ; car le guichet de Lannemezan,
fait en simple bois, la forme des bâtons à fuseaux qui composent la grille prouve
que cette ouverture fut pratiquée ou restaurée à cette époque toute moderne."