Voilà ce qu'écrit J.-P. Picquet en 1832 dans « Voyage aux Pyrénées Françaises » :
« Après avoir parcouru la plaine de Lanne-Mourine (Landes des Mores), dont la tradition
fait le théâtre d'une sanglante action où les Sarrasins d'Espagne auraient été taillés
en pièces, la même tradition place dans ce même lieu des mines d'or dont on a perdu
la trace. Peu recherchée des habitants, on voit dans cette plaine quelques éminences
élevées avec des terres rapportées. Il en existe une à Lourdes, à peu de distance
de la ville, connue sous le nom d'Averton, étymologie perdue. Ces monuments appelés
tumuli sont-ils celtiques, ou consacrés par les peuples du nord qui ont séjourné
dans ces contrées? On a trouvé dans ces éminences, des haches, des flèches, des fragments
d'ossements. Le peuple, qui change rarement son langage, conserve une origine commune
dans beaucoup de dénominations, mais dénaturées par les différentes manières dont
elles sont prononcées, elles sont perdues pour les historiens. »
Evidemment, si vous retrouvez les mines d'or, contactez-nous, nous vous aiderons
à porter les sacs... Pierre Salles nous précise que l’étymologie de Lanne-Mourine
(Lana Morina) est plutôt à prendre dans le sens de « Lande brune ».
Voilà ce qu'écrit l'instituteur de Lanne en 1887 à propos de l'histoire de son village
:
« En l'année 732, les Maures ou Sarrasins y firent irruption et le détruisirent en
grande partie. Mais bientôt après, ils furent eux-mêmes attaqués et vaincus complètement
par une armée de paysans, venus des plaines de l'Adour et de l'Echez et commandés
par le brave Mesclin, prêtre en résidence à Tarbes et natif d'Arcizac-Adour. Il y
eut sur la plaine qui se trouve entre Ossun et Lanne un combat sanglant où les Sarrasins
furent défaits. Les cadavres, ajoute la tradition, couvraient une partie de cette
plaine qui depuis ce moment n'est désignée que sous le nom de Lannemorine (Lande
des morts). Les survivants s'établirent alors tout à fait à la partie orientale des
territoires, à une égale distance de Bénac et de Louey dont ils pourraient être rapidement
secourus en cas de nouvelles attaques de la part des infidèles, mais ceux-ci ne reparurent
plus. Aussi les habitants jouirent-ils d'un repos bien légitime dont ils profitèrent
pour s'occuper de leurs nouvelles installations. Malheureusement, de nouveaux troubles
agitèrent le pays vers le Xe siècle. Les comtes et les ducs qui se succédèrent en
Bigorre eurent tous l'humeur belliqueuse et même aventurière. Pendant la guerre de
cent ans, les Anglais, maîtres des forteresses de Barry et de Lourdes, se montrèrent
très vexants. Les habitants de Lanne et des communes environnantes, qui avaient le
plus à souffrir de la présence de l'étranger, se réunirent au duc d'Anjou, frère
de Charles V. Leurs efforts combinés n'eurent pas de résultat décisif ; mais le succès
fut largement complété quelques années plus tard, en 1406 par le vaillant capitaine
Jean-de-Grailly. Les guerres de religion, quoique moins aigües qu'à Tarbes, à Rabastens
et à Trie, furent un objet de terreur pour les habitants de cette contrée. La plupart
abandonnèrent leurs terres et leurs maisons et s'enfuirent en Espagne. Enfin, vers
le dix-septième siècle, le village put reprendre ses travaux champêtres abandonnés
ou négligés. Le marquis de Rotelin, qui y vivait à cette époque, avait le droit de
suzeraineté sur les habitants ; mais il dépendait lui-même de la seigneurie de Barry.
Le dernier Rotelin se vit forcé de vendre l'ancien manoir de sa famille et de se
retirer en Espagne. »
En 733, Gascons et Bigorrais apprennent la déroute des Arabes à Poitiers. Ils les
accueillent, dès leur retour de Poitiers, par une révolte générale, et, conduits
par le prêtre Misselin (ou Mesclin), lors de la bataille de Lanne (le 24 mai 733
pour être précis !), ils les refoulent au-delà des Pyrénées.